La ministère de l’Intérieur a brandi le carton rouge contre les présidents des communes pour leur responsabilité juridique dans les infractions aux règles d’urbanisme en vigueur. Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mardi 15 février, que le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a donné des instructions fermes aux walis et gouverneurs pour réprimer sévèrement tous les dysfonctionnements et violations qui entachent le secteur de l’urbanisme. La correspondance adressée par le wali de Rabat-Salé-Kenitra, Mohamed El Yacoubi, à la ministre de l’urbanisme, Fatima-Zahra Mansouri, en dit long sur la gravité de ce phénomène. Dans cette missive, le wali révèle l’existence de graves manipulations dans le secteur de l’urbanisme. Parmi elles, la délivrance aux architectes de certificats de conformité pour des projets dont les travaux n’ont pas encore été achevés. La lettre précise que les autorisations signées par les architectes ne dédouanent aucunement les présidents des collectivités territoriales de leur responsabilité juridique.
Par ailleurs, un rapport réalisé par l’inspection générale de l’administration territoriale confirme que le secteur de l’urbanisme connaît plusieurs dysfonctionnements relatifs au non-respect de la réglementation en vigueur. Le rapport cite notamment la délivrance de permis de construire sur des lots de terrain issus d’un morcellement illégal et la remise d’autorisations de raccordement au réseau électrique en l’absence d’autorisation de construire. L’inspection générale de l’intérieur révèle, en outre, que certains adjoints du président de commune accordent des autorisations de construire sans disposer de délégation de signature dans le domaine de l’urbanisme.
Le quotidien Al Akhbar rapporte que les audits de la Cour des comptes ont relevé, à leur tour, plusieurs dysfonctionnements dans la gestion du secteur de l’urbanisme. Il s’est avéré, en effet, que la plupart des communes ne disposaient pas de plans d’aménagement validés ou prenaient du retard pour les mettre en œuvre. Pourtant, ces plans jouent un rôle important dans le développement urbain des collectivités territoriales en définissant le droit d’utilisation des terrains. La Cour des comptes indique que l’absence du plan d’aménagement crée un vide au niveau de la couverture de l’espace communal en équipements et infrastructures publiques nécessaires aux besoins des habitants.
Une situation qui engendre la prolifération de constructions anarchiques et le morcellement illégal des terrains. Le rapport de cette juridiction constate que les communes ne s'assurent pas que les lotissements nouvellement créés sont bien conformes aux critères techniques en vigueur. Pis encore, les lotisseurs n’achèvent pas les travaux des routes, d’éclairage public, de canaux d’assainissement et d’espaces verts, conclut le rapport de la Cour des comptes.