Le chantage au gaz de la junte vis-à-vis de l’Europe atteint le Parlement européen, à Strasbourg. Dans une question écrite adressée le 16 novembre à la Commission européenne, branche exécutive de l'UE, à Bruxelles, l’eurodéputée espagnole Susana Solís Pérez (membre du groupe libéral Renew Europe) est montée au créneau pour dénoncer l'utilisation de l'approvisionnement de l’Europe en énergie par l'Algérie, utilisée comme arme politique.
«Dans le contexte de la guerre de Poutine en Ukraine, l'utilisation par l'Algérie de l'approvisionnement énergétique comme arme politique a des conséquences directes pour les citoyens de l'UE», écrit l'eurodéputée.
Susana Solís Pérez se demande si la Commission européenne considère toujours l'Algérie comme étant un partenaire fiable concernant l'approvisionnement énergétique de l'Union européenne. «La Commission a-t-elle envisagé la possibilité que l'Algérie agisse à la demande de la Russie afin d'aggraver la crise énergétique de l'UE?», s’interroge-t-elle.
Lire aussi : Le chantage gazier de l'Algérie envers l’UE est inacceptable, affirme le député européen Tomas Zdechovsky
Mis en service en 1996, et ayant nécessité un investissement de 2,3 milliards d'euros, le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) reliait les champs gaziers algériens, via le Maroc, aux réseaux gaziers espagnols et portugais, avant que le pouvoir algérien ne décide unilatéralement de mettre à l’arrêt, en octobre 2021, l'alimentation en gaz naturel via ce pipeline de l'Espagne et du Portugal, mais aussi du Maroc.
L'arrêt du GME «a réduit la quantité de gaz que l'Europe recevait et a contribué à l'augmentation des prix de l'énergie. De plus, à la suite des récentes déclarations du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental, l'Algérie a augmenté le prix de l'approvisionnement en gaz de l'Espagne via le gazoduc Medgaz», a résumé la députée.
Rappelons que l’escalade diplomatique et les pressions gazières algériennes n’ont pas ébranlé d’un iota la détermination du gouvernement espagnol à ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux Royaumes, marquée par un alignement franc et irréversible de Madrid sur l’option d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine. L’Algérie, elle, en fermant le GME, a dû accepter de voir sa part d’approvisionnement du marché espagnol passer de 40 à 23%, et de perdre son statut de premier fournisseur de l’Espagne en gaz, en faveur des Etats-Unis.