Un journal britannique prédit l’implosion de l’Algérie après la mort de Bouteflika

Abdelaziz Bouteflika, président de la République algérienne.

Abdelaziz Bouteflika, président de la République algérienne. . DR

Un avenir sombre attend l’Algérie, prédit «The Spectator», un journal britannique de référence pour les intellectuels, dans un article qui met en garde contre les menaces que représentera ce pays pour l’Europe et la région toute entière. Diagnostic.

Le 02/12/2016 à 16h07

Le scénario est sans appel. Et il vient d'être établi par un journal britannique très sérieux, soit "The Spectator", "référence des intellectuels et des dirigeants conservateurs", dans un article diffusé sous ce titre révélateur: "Comment l'Algérie pourrait détruire l'Europe". La vacance "institutionnelle" causée par la maladie du président Bouteflika et l'absence de successeur entraînera le pays dans le chaos généralisé, à la faveur des islamistes qui vont essayer de prendre le pouvoir, annonce le magazine britannique, mettant en garde l'Europe contre "une autre crise de réfugiés".

Un scénario catastrophe qui s'imposerait avec d'autant plus de force que l'état de santé du président Bouteflika, déjà précaire, s'est aggravé ces derniers jours, relève le journal britannique. Citant une source médicale, The Spectator indique que "l'esprit de Bouteflika est aujourd'hui plus infirme que son corps", mettant ainsi en doute les aptitudes du chef d'Etat algérien, victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013.

Evoquant l'hospitalisation du président en novembre dernier dans un hôpital de Grenoble, en France, le journal britannique fait état d'un "mauvais pronostic".

"Officiellement, Bouteflika a subi des «tests médicaux périodiques» standards à Grenoble. Mais personne ne le croit. Parmi les personnes qui connaissent bien l'Algérie, il ne fait aucun doute que le président est gravement touché et qu'il lui reste peu de temps à vivre. Cela signifie que son régime n'a plus beaucoup de temps non plus. Les conséquences de cette situation vont bien au-delà de l’Algérie", avertit la même publication.

"Quand Bouteflika s'en ira, l'Algérie va probablement imploser. Les islamistes qui ont été maintenus à distance par sa main de fer exploiteront le vide laissé. Les tensions qui ont été enterrées depuis la guerre civile vont ressurgir. Et puis l'Europe pourrait être submergée par une autre grande vague de réfugiés d'Afrique du Nord", annonce The Spectator.

"Une guerre civile algérienne créerait un grand nombre de réfugiés. Un analyste a dit attendre 10 à 15 millions de réfugiés à partir de l'Algérie. Compte tenu de l'histoire de ce pays, ils s'attendraient à être sauvés par une nation: la France. Dans son impact sur l'UE, même une fraction de ce nombre diminuerait l'effet de la guerre civile syrienne. Etant donné le traumatisme politique que la crise des réfugiés a déjà causé en Europe, un exode massif algérien pourrait provoquer une énorme insécurité en Europe", alerte la publication.

Un scénario bis de la tristement célèbre "décennie noire" risque de se produire, étayé par les messages d'alerte lancés par les services de renseignement occidentaux. "Presque personne en dehors de l'Algérie n'ignore ce qui va se passer. Les agences de renseignement occidentales ont peut-être été prises au dépourvu par le mal nommé printemps arabe en 2011, mais tous sont très conscients des dangers guettant l'Algérie. Dans les coulisses, les gouvernements se préparent à une nouvelle guerre civile et à ses conséquences", indique The spectator.

Et d'ajouter: "Il y a seulement 24 ans, 150.000 personnes sont mortes dans une guerre civile algérienne entre les islamistes et l'Etat. Cette fois-ci, les choses seront plus sanglantes, notamment à cause du développement de l'islamisme armé ces dernières années". Le journal britannique pointe du doigt cette forte implantation de groupes terroristes en Algérie, notamment Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et Daech.

Autrement dit, un scénario syro-libyen guette l'Algérie déjà minée par une crise financière dévastatrice à la faveur d'une explosion sociale imminente.

Par Ziad Alami
Le 02/12/2016 à 16h07