Il aura suffi d’une annonce, celle du report de la soutenance d’une thèse de doctorat du chercheur El Amine Mishbal sur le discours politique d'Abdelilah Benkirane à la faculté des lettres et des sciences humaines de l’université Abdelmalik Saâdi à Tétouan, pour que le PJD (parti de la Justice et du développement) se mette à nouveau en ordre de bataille et crie au complot et à la censure.
Ainsi, rapporte Al Akhbar dans sa livraison de ce mercredi 25 décembre, les parlementaires du parti de la Lampe n’ont pas hésité à interpeller le ministre de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur, qualifiant ce report d’acte de censure. En effet, selon eux, il aurait été dicté par des considérations politiques et orchestré par des «mains invisibles» désireuses de nuire à leur formation politique et à l'un de ses principaux leaders.
Citées par Al Akhbar, des sources au sein de l’université affirment cependant qu’il n’en est rien. La soutenance de ce doctorat, qui a pour titre «L’étendue du discours politique et polémique d'Abdelilah Benkirane», aura bel et bien lieu. La date en sera fixée prochainement.Ancien chef du gouvernement et membre fondateur du PJD, Benkirane aura donc son quart d’heure de gloire académique. «Le report en question n’est lié à aucune intervention extérieure, et encore moins à des considérations politiques. La recherche scientifique et académique est un droit inaliénable et chacun est libre de choisir le sujet qui lui correspond le mieux», soulignent les mêmes sources. De plus, le sujet traité n’a nullement l'objectif de tresser des lauriers à Benkirane. «Il est consacré à l’analyse des méthodes utilisées dans le discours de l’ancien chef du gouvernement (exploitation de la religion, story-telling…) pour s’attirer la sympathie et l’affection des gens», indique encore Al Akhbar.
L'auteur de cette thèse abonde d'ailleurs dans le même sens. «L’intérêt de ces parlementaires n’est nullement la science ou la recherche académique mais la victimisation, art dans lequel le parti de la Lampe excelle, dans le but de redorer le blason de Benkirane et le remettre sur les devants de la scène», s’indigne-t-il. «Cette polémique ne me concerne en rien et il existe, au Maroc, des problématiques autrement plus importantes sur lesquelles ces députés gagneraient à se pencher», ajoute le chercheur.