Tribune. Le Maroc ou l’aveuglement volontaire d’un regard parisien

Mohamed Abdi, expert en politiques publiques.

Mohamed Abdi, expert en politiques publiques.

TribuneMohamed Abdi, expert en politiques publiques, réagit dans cette tribune pour Le360 à un article, intitulé «Au Maroc, une atmosphère de fin de règne pour Mohammed VI» publié le 24 août dans le quotidien français Le Monde. Ce journal, qui nous a habitués à des feuilletons d’été hostiles à la Monarchie, produit cette fois un condensé de fantasmes sur des intrigues qui appartiennent davantage au registre des séries comme «Game of Thrones» qu’à l’exercice journalistique reposant sur des faits.

Le 25/08/2025 à 09h59

Il est des récits qui s’écrivent avec des silences plus qu’avec des mots. L’article publié par Le Monde sur le Roi Mohammed VI appartient à cette catégorie: il s’attarde sur les murmures et les conjectures, mais détourne le regard des évidences. Il réduit un pays à des intrigues supposées, quand il aurait fallu observer son évolution profonde. Comme si vingt-six années d’action, de réformes et de modernisation pouvaient être effacées par le choix de l’anecdote. L’Histoire, pourtant, est têtue: elle se juge à l’aune des œuvres, et les œuvres du Maroc contemporain parlent d’elles-mêmes.

Refuser de voir les travaux d’Hercule

Car enfin, qui peut sérieusement nier les chantiers monumentaux menés sous l’égide du roi Mohammed VI, avec l’appui de toutes les institutions nationales et le consentement des forces vives de la nation? Qui peut ignorer ces ports et aéroports de classe mondiale, ces autoroutes et lignes ferroviaires à grande vitesse, ces barrages et réseaux hydriques, ces infrastructures numériques et énergétiques qui placent aujourd’hui le Maroc dans le concert des nations émergentes? Tanger Med est devenu la première plateforme portuaire de Méditerranée et d’Afrique; le train Al Boraq relie Tanger à Casablanca à grande vitesse; Noor Ouarzazate est la plus vaste centrale solaire au monde. Ces réalisations ne sont pas des promesses mais des faits. Fermer les yeux sur elles pour leur préférer l’anecdotique, c’est fausser la lecture de l’histoire contemporaine.

L’État social comme horizon partagé

Le Maroc ne se résume pas à ses infrastructures. Le pays a entrepris une transformation sociale profonde, construite avec l’engagement des forces politiques, économiques et sociales. La généralisation progressive de la protection sociale, l’élargissement de la couverture médicale, les aides directes aux familles, la réforme de l’éducation et de la santé dessinent un horizon d’équité et de dignité. Ce mouvement n’est pas l’affaire d’un seul décret, mais le fruit d’un consensus national qui place l’humain au centre. Ces avancées sont déjà visibles, mais elles s’inscrivent dans un temps long: il reste des chantiers ouverts, des réformes à approfondir, des solutions à inventer. Le Maroc n’a pas la prétention d’avoir réglé tous ses défis, mais il a choisi de les affronter, de les nommer et de les inscrire dans l’esprit du temps.

La résilience face aux épreuves

Un pays se mesure aussi dans la tourmente. La pandémie de Covid-19 a révélé une capacité d’organisation et d’anticipation qui a permis au Maroc de protéger sa population avec efficacité. Le séisme d’Al Haouz a montré, dans la douleur, une mobilisation nationale exemplaire: secours, reconstruction, solidarité. Ces épreuves ont forgé une leçon: la force du Maroc réside dans son unité, dans sa capacité à unir institutions, société civile et population dans un même élan. C’est cette résilience, cette discipline collective, que reconnaissent nombre d’observateurs sérieux, même si d’autres persistent à s’égarer dans le détail secondaire.

Une monarchie vivante et un avenir préparé

La lecture en termes de «fin de règne» ne résiste pas à l’analyse. La monarchie marocaine est une institution séculaire, qui s’adapte, se transforme et se projette dans l’avenir. La préparation méthodique de la relève, la formation du prince héritier, la continuité institutionnelle incarnée par les forces vives du pays montrent que la stabilité ne repose pas sur une personne mais sur une architecture politique et sociale. Ce que certains présentent comme un crépuscule est en réalité une transmission organisée et assumée, une transition ordonnée inscrite dans la longue durée.

Le Maroc en mouvement

Le Maroc ne se contente pas de bâtir chez lui: il affirme aussi sa place dans le monde. Défense constante de la marocanité du Sahara, partenariats stratégiques avec l’Afrique, l’Europe, l’Asie ou les États-Unis, rôle de médiateur dans les grandes causes, organisation prochaine de la Coupe du monde 2030 aux côtés de l’Espagne et du Portugal… Autant de signes d’un pays qui inspire confiance, attire les investissements et s’inscrit dans la dynamique de son temps. Ce rayonnement n’est pas un accident, mais le résultat d’une diplomatie active et universelle, qui fait du Maroc un acteur crédible et respecté.

Saisir l’esprit du temps

L’article du Monde se trompe en choisissant l’anecdote contre la réalité, le soupçon contre l’évidence. Car la vérité est simple: beaucoup a été accompli, mais beaucoup reste encore à faire. Le Maroc n’a pas de solutions toutes faites à l’ensemble de ses défis, mais il a choisi de les affronter avec lucidité, patience et volonté. Comme l’a rappelé le roi Mohammed VI dans son dernier discours, le Maroc refuse d’être un pays à deux vitesses: l’inclusion sociale et territoriale est au cœur de son projet. Ce projet trouve son cap dans le Nouveau modèle de développement, qui trace une feuille de route claire pour une croissance durable, équitable et partagée. L’histoire retiendra qu’un pays, avec ses institutions et ses forces vives, a transformé son visage en une génération et qu’il continue d’avancer, porté par la conviction que son avenir se construit non pas dans l’ombre des doutes mais dans la clarté d’un projet collectif.

Par Mohamed Abdi
Le 25/08/2025 à 09h59