À un moment où le Royaume consolide sa souveraineté sur le Sahara et s’affirme comme plateforme régionale émergente, l’évaluation et la convergence deviennent les fondations d’une gouvernance moderne. La rencontre organisée mercredi 19 novembre 2025 à Rabat en constitue la première pierre, humble mais essentielle.
Un tournant silencieux mais décisif
Certains tournants n’ont pas besoin de bruit pour marquer l’Histoire. Ils s’installent par la force tranquille d’une idée juste, par l’évidence d’une nécessité, par l’urgence d’un moment. Le Maroc traverse aujourd’hui l’un de ces tournants silencieux. Fort de la reconnaissance internationale croissante de la marocanité du Sahara, le Royaume avance avec assurance, stabilité et clarté de vision. Mais la vraie conquête désormais n’est plus extérieure: elle est intérieure. Elle consiste à transformer l’État pour qu’il agisse de manière cohérente, lisible, alignée, en donnant à chaque citoyen l’accès réel aux fruits du développement national.
Le coût de la cohérence: une vérité à assumer
Il est temps de le dire avec franchise: la convergence et l’évaluation ont un coût. Un coût financier, organisationnel, humain. Un coût qui augmente à mesure que les politiques publiques deviennent plus complexes, que les attentes sociales s’élèvent, que l’économie se modernise, que les chaînes de valeur se renouvellent. Mais ce coût, aussi réel soit-il, reste toujours inférieur à celui de l’incohérence, des redondances, des gaspillages et des politiques qui se contredisent les unes les autres. Évaluer et converger coûte. Mais ne pas évaluer, ne pas converger, ne pas coordonner… cela coûte immensément plus cher. Au fond, l’évaluation est un investissement. Un investissement dans la vérité, dans la transparence, dans l’efficacité.
Une rencontre modeste, un grain semé pour l’avenir
La rencontre de Rabat, consacrée à l’évaluation des politiques publiques, n’a pas vocation à être présentée comme un tournant historique. Elle est, au contraire, volontairement humble. C’est un début. Un premier geste. Un premier grain semé. Et comme tout grain, il devra être suivi, nourri, régulier. L’enjeu n’est pas la tenue de cette réunion. L’enjeu est qu’elle devienne une fréquence, un rythme, une habitude, une normalité gouvernementale. La convergence n’est pas un événement. C’est une discipline. L’évaluation n’est pas une journée. C’est une culture. Ce que nous lançons aujourd’hui doit s’inscrire dans la durée, dans le temps long, dans le fonctionnement quotidien de l’État.
Installer une culture: la politique comme sens, avant d’être signe
Notre ambition n’est pas d’organiser un exercice ponctuel d’évaluation. Notre ambition est d’installer une culture. La culture du questionnement. La culture de la preuve. La culture de la responsabilité. La culture de la convergence. Une administration moderne ne se juge pas au nombre de stratégies qu’elle produit, mais à leur cohérence, à la qualité de leur mise en œuvre et à l’impact qu’elles génèrent. Parce qu’au fond, la politique est d’abord une affaire de sens avant d’être une affaire de signes. Les chiffres éclairent, mais le sens inspire. La convergence donne ce sens. L’évaluation en apporte la preuve.
Un Maroc moderne, diversifié, ancré dans les chaînes de valeur du futur
Le Maroc de 2025 n’est pas le Maroc d’hier. C’est un pays qui se redessine par la force de ses infrastructures, de ses écosystèmes industriels, logistiques, portuaires, aéronautiques, numériques. Les data centers se multiplient, l’économie digitale s’affirme, les énergies nouvelles progressent, les zones industrielles et logistiques deviennent des plateformes régionales. L’aéronautique, l’automobile et l’électronique se hissent dans les chaînes de valeur mondiales. Cette montée en puissance, multidimensionnelle et très rapide, exige un État coordonné. Dans un Maroc qui bouge, l’action publique doit bouger encore plus vite, avec cohérence, fluidité et précision.
Accélérer la cadence pour libérer le potentiel national
Les progrès du Maroc sont réels, visibles, indéniables. Mais ils appellent une accélération. Non pas parce qu’ils seraient inégaux, mais parce que nous devons aller plus vite, plus fort, plus loin. Le Maroc avance, mais il doit accélérer la cadence des réformes pour consolider ses acquis et libérer tout son potentiel. La cohérence est un accélérateur. La convergence est un démultiplicateur. L’évaluation est un stabilisateur. Ensemble, elles créent une action publique qui ne se disperse plus, qui ne se contredit plus, qui ne se répète plus, mais qui avance comme un front uni.
Le ministère de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques «MICEPP»: un ministère jeune, stratégique, et qui doit être accompagné
L’évaluation de la convergence que porte aujourd’hui le MICEPP n’est pas le fruit du hasard. C’est un ministère jeune, voulu, créé et adossé à la plus haute responsabilité gouvernementale. Il incarne une intention politique forte: celle de mettre de l’ordre dans la complexité, de créer de la cohérence, de rapprocher les stratégies, et de garantir que chaque réforme contribue réellement à l’intérêt général. Mais parce qu’il porte une mission nouvelle, il doit être accompagné par toutes les institutions. On ne peut pas lui demander d’incarner la convergence si, dans le même temps, on ne lui offre pas le soutien nécessaire, la coopération requise, la mobilisation attendue. Aider ce ministère, c’est aider l’État. Le soutenir, c’est soutenir la performance publique. L’accompagner, c’est accompagner la réussite de toutes les politiques publiques.
La protection sociale: la grande épreuve de vérité
La généralisation de la protection sociale, réforme royale majeure, est le chantier qui illustre le mieux la nécessité d’une convergence réelle. Pour réussir, ce projet doit articuler politique sanitaire, politique sociale, fiscalité, numérique, gouvernance territoriale et services de proximité. Il exige un pilotage intégré, une coordination exemplaire, une évaluation continue. La protection sociale n’est pas seulement un projet social. C’est un test de cohérence nationale. Elle montre que l’avenir du Maroc dépend de notre capacité collective à travailler ensemble, à aligner nos efforts, à synchroniser nos décisions.
Vers une nouvelle manière de gouverner
L’avenir du Maroc ne dépend plus seulement des investissements, des infrastructures ou des stratégies sectorielles. Il dépend de notre capacité à donner un sens commun à l’action publique. À harmoniser. À coordonner. À évaluer. À corriger. À accélérer. À apprendre. Le Maroc a la vision, les institutions, les infrastructures, les territoires, les partenaires et la jeunesse. Il lui fallait désormais la méthode. Elle est en train de naître.
La convergence comme destin, l’évaluation comme discipline
Nous entrons dans une période où le Maroc doit assumer pleinement son potentiel. La convergence n’est pas une option. L’évaluation n’est pas un outil. Elles sont devenues les fondements d’une gouvernance moderne. La rencontre d’aujourd’hui n’est qu’un début, un premier grain planté dans un terrain fertile. Mais si nous savons l’entretenir, le Maroc disposera demain d’une action publique cohérente, performante, efficace et au service du citoyen. Le moment est venu de faire de la cohérence une méthode, de l’impact une obligation, et de la convergence un destin.








