S’il fallait une métaphore de l’effritement du Polisario, la TICAD-9 en a offert une, pathétique et grandeur nature: une performance de n’exister que par effraction; une leçon de diplomatie du désespoir où chaque humiliation consentie est présentée comme une victoire. C’est le tragi-comique d’un Polisario aux abois, qui se donne en spectacle… au rabais.
Cela commence dès l’arrivée, dans l’indignité de venir sans être invité, tel un pique-assiette que personne ne souhaite voir, et que l’on supporte avec pitié et haut-le-cœur.
En guise de visas, un laissez-passer précaire, comme celui qu’on donne aux passagers clandestins sans nationalité, attrapés sur le fait et sitôt éconduits de la cour des grands, dont ils n’ont ni la taille ni la tenue.
Le ballet diplomatique aura été pour les ballerines du Polisario une danse de l’abaissement: cantonnées à la marge, reléguées en dehors du seating officiel, sur le strapontin de ceux dont on feint ignorer l’existence.
Et le plus cruel dans cette comédie: le Polisario gobe, sans sourciller, des dispositions protocolaires spécialement conçues pour le réduire à son néant existentiel.
Une «protection rapprochée», dit-il! En réalité, une escorte en nombre suffisant pour le mettre sous cloche, empêcher tout contact indésirable avec les États, et contenir la nuisance habituelle d’un Yeslem Beissat, qui spolie le titre de ministre des affaires étrangères, et qui est connu pour chasser les selfies avec de vrais ministres, avec l’entêtement d’une mouche devant une vitrine.
La capacité du Polisario à transformer en «succès» la partition de sa déchéance, est juste pathétique. Cela signifie que ses représentants ont perdu jusqu’à l’aptitude de s’offusquer de n’être ni accueillis, ni reconnus, ni même considérés.
Toute cette énergie dépensée à se faufiler dans l’interstice d’une porte entrouverte, pour quoi? Pour une photo? Une unique photo, une misérable photo voulue par les maîtres d’Alger, volée en catimini dans le dos des organisateurs japonais, comme un selfie pris en cachette par un ado en mal de self-estime.
Comble de l’humiliation: pas de prise de parole pour étaler ses jérémiades. Pas d’accès aux réceptions et dîners officiels où se nouent les véritables contacts. Rien! Le néant. Juste l’image floue d’un groupe cerné par la police, publiée pour alimenter la machine à propagande de ses maîtres algériens.
Et pendant ce temps, devant tout le monde, le Japon égraine la réalité cruelle avec la netteté tranchante d’un katana: non, le Polisario n’est pas reconnu et ne le sera pas.
La leçon de Yokohama est sans appel: le Polisario n’a ni dignité à défendre, ni self-estime à préserver. Juste une photo à offrir en pâture à ceux qui, depuis Alger, leur ont payé le voyage. Triste consolation.








