La menace terroriste en Afrique devient de plus en plus agressive. La preuve en est l’apparition de nouveaux groupes qui s'adaptent aux ripostes nationales et régionales et continuent de semer le chaos et mettre en péril la stabilité et la sécurité régionale. C’est ce qu’a souligné récemment, en Guinée équatoriale, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Le ministre dont les propos ont été repris par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 30 mai, a précisé que «l'écosystème du terrorisme évolue vers une connexion de plus en plus affirmée et étroite entre le terrorisme, le séparatisme et la criminalité».
Le chef de la diplomatique marocaine, qui représentait le souverain, au Sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) sur la lutte contre le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique, a rappelé que les 85 États membres de la Coalition globale anti-Daesh, réunis récemment à Marrakech, ont relevé ces mutations, que le Forum International de Dakar sur la paix et la sécurité, tenu en 2016, avait déjà anticipées.
Face à cette menace en constante mutation, souligne le ministre, «nos efforts collectifs pour la lutte contre le terrorisme ne doivent pas être compris comme un signe de nos vulnérabilités individuelles. En d’autres termes, ce n’est pas parce que nous nous sentons faibles devant la menace que nous cherchons une riposte collective».
Par ailleurs, le ministre a soulevé que le fait de s’attarder, encore une fois, sur cette thématique du terrorisme et des changements anticonstitutionnels des gouvernements, reflète une préoccupation doublement pertinente. Elle est pertinente, en premier lieu, en raison d'une conjoncture pleine de défis que traverse l'Afrique. Laquelle conjoncture est marquée par une succession, voire une concomitance, de crises, sécuritaires en l'occurrence, qui ne laissent aucun répit.
Elle est pertinente, aussi, en ce qu'elle traduit un regard lucide porté sur l'évolution du phénomène terroriste en Afrique et en particulier cette faculté qu'il acquiert de prendre les couleurs de tous les maux dont il se nourrit à savoir, l’instabilité, l’insécurité, la précarité et le séparatisme.
Le ministre a également souligné que les indicateurs de sécurité du continent passent au rouge, les uns après les autres. Et cela, malgré le déploiement du Plan d'Action de l'UA sur la prévention et la lutte contre le terrorisme adopté en 2002. Ce plan n'a manifestement pas permis de structurer une riposte efficace à l'échelle du terrain continental. Il aura eu, cependant, le mérite d'exister et de plaider pour le renforcement d'un cadre juridique qui peut être bien utile à l'avenir.
Le ministre a appelé à ne négliger aucun espace politique ou opérationnel, aucune source de tension nationale ou régionale et, surtout, ne laisser aucun pays sur le bas-côté. Dans ce cadre, le chef de la diplomatie marocaine a regretté la décision du Mali de se retirer du G5-Sahel qui est «une bien mauvaise nouvelle à méditer», formulant le souhait que ce pays frère, dont nous connaissons l'engagement contre le terrorisme, puisse reprendre rapidement sa place dans «notre riposte collective».
En revanche, le ministre a salué les efforts de la Mauritanie dans ce sens, appelant, encore une fois, à une action continentale réellement stratégique contre le terrorisme.