Soft power: comment le Maroc est devenu une puissance

Le Maroc est le pays le plus influent du Maghreb. C’est ce que révèle le Global Soft Power Index 2023, récemment publié par Brand Finance, un cabinet britannique spécialisé dans le conseil et l’évaluation des marques. Le Royaume, classé 55e dans le monde, devance largement la Tunisie (83e) et l’Algérie (86e). Il fait également partie des leaders en Afrique, puisqu’il occupe la troisième place sur 20 pays du continent évalués, derrière l’Egypte (38e mondial) et l’Afrique du Sud (40e mondial).

Dans le monde arabe, le Maroc figure dans le top 10 (9e) dominé par les Emirats arabes unis (10e mondial) et l’Arabie saoudite (19e). Les Etats-Unis dominent le classement mondial avec un score de 74,8 points/100, devant le Royaume-Uni (67,3 pts), l’Allemagne (65,8 pts), le Japon (65,2 pts) et la Chine (65 pts).

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Brand Finance définit le soft power comme la capacité d’un Etat à influencer et à orienter en sa faveur les relations internationales en usant de moyens pacifiques. A l’opposé, le hard power consiste à user de menaces ou à employer la force ou un autre pouvoir de contrainte.

Le rapport mesure ainsi le degré d’influence de 124 pays sur la scène internationale. Trois indicateurs sont pris en compte: la familiarité, la réputation et l’influence. Cette année, les experts ont effectué un sondage auprès de 100.000 personnes issues d’une centaine de marchés à travers le monde pour établir le classement.

Top 10 des pays africains les plus influents selon le Global Soft Power Index 2023:

Leadership dans le soft power culturel

Sur le premier critère, qui définit les marques nationales que les gens reconnaissent, le Maroc obtient une note de 5,1/10. Le Royaume a aussi amélioré sa réputation (5,8/10 contre 5,5/10 en 2022). Il doit cependant améliorer son influence, notée 3,7/10.

Le Global Soft Power Index 2023 évalue également les pays sur la base de 8 autres critères: affaires et commerce, gouvernance, relations internationales, culture et traditions, médias et communication et science, population et valeur, et, enfin, avenir durable. Le Maroc s’illustre particulièrement dans le critère «culture et traditions», qui mesure l’influence du patrimoine culturel des différents Etats, en se classant au 36e rang mondial, soit un gain de 16 places par rapport à l’année dernière. Le Royaume occupe la deuxième place en Afrique après l’Egypte (24e mondial), et devant l’Afrique du Sud (39e). Il caracole également en tête au Maghreb, loin devant la Tunisie (58e) et l’Algérie (75e).

Si le Maroc figure dans le top 40 mondial sur ce segment, c’est grâce aux importants efforts déployés par le gouvernement afin de faire rayonner l’image du pays sur la scène internationale à travers ses richesses culturelles inestimables. Un soft power culturel constamment valorisé lors de grands festivals internationaux comme Mawazine, le Festival Gnaoua et Musiques du monde d’Essaouira, le Marrakech du Rire, le Festival de la musique soufie de Fès, Timitar, le Festival international du film de Marrakech, etc. Et n’oublions pas les nombreux festivals et rencontres culturelles organisés à travers le Royaume.

Suspendus pendant deux ans en raison de la crise du Covid, ces grands évènements culturels, relancés l’année dernière, continuent d’accueillir des milliers d’étrangers, notamment des footballeurs internationaux et de célèbres influenceurs. Des stars qui partagent régulièrement leurs photos prises au Maroc sur les réseaux sociaux. Petits clichés sur la Toile, grands effets pour le tourisme. La reprise des tournages de films internationaux, dans des villes comme Ouarzazate, Marrakech, Essaouira, ou encore Erfoud, contribue aussi à la promotion de la destination.

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Le ministère de la Culture souhaite capitaliser sur cette réputation. En avril 2022, le ministre Mohamed Mehdi Bensaid avait lancé, à Rabat, le label «Moroccan Heritage», qui vise à promouvoir le patrimoine culturel national. Un an auparavant, son département avait lancé plusieurs études anthropologiques dans les 12 régions du Royaume, lesquels ont permis de répertorier le patrimoine immatériel culturel du Royaume.

Riche patrimoine immatériel

Des opérations de restauration de sites historiques dans différentes régions, en partenariat avec les collectivités territoriales, dans le cadre des programmes de développement local ont également été lancés. Mieux, le ministère développe actuellement un projet de numérisation des sites historiques, ainsi qu’une application «Route des Empires» qui permettra aux utilisateurs d’effectuer une visite virtuelle en 3D de ces sites.

Pour ce qui est du patrimoine immatériel, le Maroc est aussi bien lôti, avec 10 éléments inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Ce sont: les savoir-faire et pratiques liés à la production et à la consommation du couscous, le Gnaoua, le Taskiwin, la fauconnerie, l’argan ainsi que les pratiques et savoir-faire liés à l’arganier, la diète méditerranéenne, le Festival des cerises de Sefrou, l’espace culturel de la place Jemaa el Fna, le Moussem de Tan-Tan et, enfin, les connaissances, savoir-faire, traditions et pratiques associés au palmier dattier.

Ces projets, combinés à une meilleure valorisation de l’immatériel, permettront au Royaume de mieux consolider son rayonnement culturel.