Une dépêche de l’agence de presse algérienne (APS), publiée dans la soirée du mardi 7 décembre 2021, fait état d’un message (non daté), envoyé par le chef du Polisario au secrétaire-général de l’Organisation des Nations unies. Brahim Ghali y informe Antonio Guterres de la décision du Polisario de se dérober à la dernière résolution du Conseil de sécurité qui a recommandé aux parties de reprendre le processus des négociations politiques, consubstantiel à l’organisation de tables rondes auxquelles doivent de prendre part, en plus du Maroc et du Polisario, l’Algérie et la Mauritanie.
En effet, il est écrit dans ce message «qu'il était tôt de parler de la relance du processus de paix au moment où des Sahraouis sans défense sont la cible d'exactions horribles», ce qui ne laisse, selon lui, «aucun choix au Front Polisario que de prendre les mesures nécessaires concernant sa participation à 'l'opération politique' ainsi que sa coopération avec la MINURSO».
Accusant l’ONU d’adopter tantôt un «mutisme inexpliqué», tantôt un «silence injustifié», et le Maroc d’être un «Etat d’occupation… terroriste», Brahim Ghali ajoute «que le Front Polisario n'adhèrera à aucun processus de paix, au moment où l'Etat d'occupation impose son régime terroriste sur les territoires sahraouis occupés, et au regard du mutisme inexpliqué de l'ONU».
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A la lecture de ce message, Brahim Ghali laisse clairement transparaître qu’il se plie à une injonction du régime algérien. Il n’est pas question en effet pour ce dernier que le Polisario accepte d’aller aux tables rondes que compte raviver Staffan de Mistura, le nouvel envoyé personnel d’Antonio Guterres au Sahara, tant que la résolution du Conseil de sécurité somme l’Algérie d’y participer.
Pour rappel, et après avoir pris connaissance du contenu du projet de la dernière résolution onusienne sur le Sahara, l’Algérie a officiellement annoncé le 22 octobre dernier, par la voix d’Amar Belani, diplomate au ministère algérien des Affaires étrangères, son refus de participer aux tables rondes. «Nous confirmons notre rejet formel et irréversible de ce format dit des tables rondes et nous avons instruit notre représentant permanent à New York à l’effet de notifier cette position du gouvernement algérien au président du Conseil de sécurité, en lui demandant de faire circuler la note verbale en question à tous les membres du Conseil», avait affirmé Belani dans une déclaration, qualifiée d’«exclusive», à l’APS.
Mais cette charge hystérique du régime algérien contre l’ONU fut vaine puisqu’une semaine plus tard, il sera à nouveau contrarié par l’adoption à une écrasante majorité au Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 2602 du 29 octobre 2021, rappelant que «les Etats voisins ont un rôle essentiel à jouer dans la résolution de la question du Sahara».
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L’Algérie a également échoué dans sa tentative d’entraîner dans son sillage la Mauritanie, Etat observateur, pour qu’elle se retire du format des tables rondes mis en place par l’ancien envoyé de Guterres au Sahara, l’Allemand Horst Kohler. Ce dernier avait organisé deux tables rondes quadripartites à Genève, dont le premier round a eu lieu en décembre 2018 et le second en mars 2019. Deux rencontres que Nouakchott avait qualifiées de très positives.
Pour éviter de faire face à la communauté internationale, la junte a actionné le Polisario pour lui éviter un impair davantage douloureux que celui du texte de la résolution 2602. Tant que le Polisario refuse de participer au processus politique, la junte algérienne peut se réfugier derrière la fin de non-recevoir des séparatistes. Cette stratégie de cache-cache ne résistera pas toutefois à l’épreuve du temps.
La communauté internationale ne restera pas les bras croisés face à la volonté algérienne de bloquer l’ensemble du processus de résolution politique du conflit du Sahara. Et de même que la junte a demandé au Polisario de proclamer son refus de participer au processus politique, elle va lui demander, bien plus tôt qu’on ne le croit, de rétropédaler.