Sahara marocain: vers un glissement net en faveur du Maroc, selon le politologue Cherkaoui Roudani

Le politologue et enseignant universitaire Cherkaoui Roudani. (Y.Mannan/Le360)

Le 03/09/2025 à 18h57

VidéoÀ l’heure où s’annoncent les débats décisifs à l’ONU sur le Sahara marocain, le politologue Cherkaoui Roudani estime que la communauté internationale se dirige vers un basculement clair en faveur du Maroc. Pour lui, le dossier s’impose désormais comme une équation géopolitique mondiale où les grandes puissances et plusieurs pays africains voient dans l’autonomie marocaine la solution pragmatique et durable.

Alors que se profilent les réunions importantes à l’ONU au sujet du Sahara marocain, la communauté internationale, avec ses puissances comme les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, se dirige vers un glissement net en faveur du Maroc, a estimé mercredi le politologue Cherkaoui Roudani.

La première des choses importantes et décisives relatives au dossier est liée «au contexte géopolitique mondial actuel», a affirmé ce spécialiste des relations internationales dans un entretien avec Le360. Car, selon lui, la question du Sahara marocain au sein des Nations unies est «un paramètre fondamental dans les relations entre les membres du Conseil», notamment les cinq membres permanents — les États-Unis, la France, la Russie, la Chine et le Royaume-Uni — mais aussi les membres non permanents comme le Sierra Leone, le Pakistan, le Danemark, la Slovénie, la Corée du Sud et la Guyane.

Il est essentiel de lire le dossier du Sahara marocain comme étant «une équation géopolitique dans laquelle interviennent les intérêts stratégiques des grandes puissances, mais aussi ceux de pays africains». Et pour cause, avance-t-il, «les répercussions seront directes sur la recomposition géopolitique actuelle du continent africain». Cet expert indique en outre que le Sahara marocain est devenu «aujourd’hui une région stratégique, une plateforme d’enjeux du 21ème siècle, tant énergétiques que sécuritaires».

Selon lui, il ne faut pas oublier «la situation complexe dans la région du Sahel et de l’Afrique subsaharienne, des zones en pleine mutation stratégique et sécuritaire à l’échelle régionale et mondiale». Le politologue pense que la résolution du Conseil de sécurité en 2025 constituera un glissement net en faveur du Maroc, car elle mettra davantage l’accent sur «la dynamique positive du dossier à l’échelle internationale, notamment avec la reconnaissance américaine — confirmée par l’administration Trump — de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud».

Cherkaoui Roudani souligne que la France a adopté «une posture avant-gardiste soutenant clairement la marocanité du Sahara». La Grande-Bretagne a elle aussi annoncé une position favorable à l’initiative marocaine d’autonomie. Le chercheur a, à titre personnel, émis deux scénarios principaux en perspective.

Le premier, c’est que la résolution de 2025 insistera sur «un langage politique plus affirmé, une sémantique favorable au Maroc». «Je prévois un renforcement du soutien à l’initiative marocaine d’autonomie, considérée comme une solution pragmatique, réaliste et crédible», a-t-il déclaré. Cette position, selon lui, vise à «débloquer l’impasse actuelle et à préparer un terrain diplomatique plus propice, notamment avec les grandes puissances occidentales, mais aussi avec la Russie et la Chine».

Quant au second scénario, la résolution apportera un soutien explicite plus fort à l’initiative d’autonomie que la résolution 2654, qualifiée de «contribution sérieuse et crédible». À son avis, «la prochaine résolution pourrait aller plus loin en soulignant sa viabilité et son importance comme solution réaliste et pragmatique». «Autrement dit, l’initiative de l’autonomie ne sera plus une option parmi d’autres, mais deviendra la solution centrale et concrète au conflit», créé par l’Algérie.

Le politologue explique encore «qu’on assistera à un changement d’approche car l’option du référendum sera définitivement abandonnée et l’autonomie deviendra le cœur du débat». Selon lui, «il faut avoir le courage de le dire: le front séparatiste du Polisario vit ses derniers jours».

Cherkaoui Roudani rappelle qu’«au sein du Conseil de sécurité, la sémantique a un rôle capital». Et d’ajouter: «il ne faut pas interpréter les mots d’une résolution comme neutres: ils redessinent, en réalité, les cartes géopolitiques de demain». Des cartes où, selon lui, le Maroc avance désormais avec un avantage stratégique décisif.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 03/09/2025 à 18h57