C’est en début de soirée, hier, mercredi 23 septembre 2020, que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune s’est adressé par visioconférence à la 75e session ordinaire de l'Assemblée générale de l’ONU, ouverte depuis mardi à New York.
Celui qui se présente comme un président s’exprimant «au nom de l'Algérie nouvelle» s’est livré à un exercice discursif où, voulant parler de tout, malgré le temps de parole limité, n’a finalement versé que dans les approximations en faisant usage d’une langue de bois appartenant décidément à un autre âge.
Dans un discours sans méthode, sans fond, prononcé juste pour la forme, il n’a pas hésité par exemple à affirmer que «la diplomatie algérienne a été déterminante pour le règlement de plusieurs crises épineuses et conflits régionaux et internationaux». Sur ce volet, le président algérien a choisi de faire semblant d’ignorer que l’Algérie est marginalisée dans le conflit libyen et la crise malienne, deux pays avec lesquels elle partage pourtant une frontière terrestre longue de plusieurs centaines de kilomètres.
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L’unique fois, dans son discours, où Tebboune a oublié la langue de bois et jeté le masque, c’est quand il a évoqué le conflit du Sahara. Mais il l’a fait à rebours des efforts de la communauté internationale, ramant désespérément à contre-courant, dans l’objectif vain de ramener ce dossier plusieurs années en arrière.
«S'agissant de la question du Sahara occidental, nous déplorons les obstacles qui entravent son règlement, notamment l'arrêt des négociations entre les deux parties au conflit et les atermoiements dans la désignation d'un nouvel Envoyé onusien pour le Sahara occidental. A cet égard, l'Algérie appelle à l'application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara occidental, reporté depuis plus de 29 ans, la désignation dans les meilleurs délais d'un Envoyé du Secrétaire général de l'ONU, la relance du processus de négociations entre les deux parties au conflit et la concrétisation des aspirations des peuples du Maghreb arabe et de l'Afrique, au développement et à l'intégration», a ainsi déclaré Tebboune hier soir.
Cette tirade d’un président qui a affirmé plus d’une fois, lors d’interviews télévisées, n’avoir aucun problème avec «le Maroc frère», a au moins le mérite de dessiller les yeux à ceux qui ont cru à l’illusion d’une main tendue vers le Maroc par un Tebboune qui poursuit, en exécutant zélé, le travail de sape de l’intégrité territoriale du Maroc par le régime fossilisé d’Alger. Ce n'est, en fait, que l’ombre d’une main que Tebboune tend vers le Maroc, quand, de sa main réelle, il conspire, tantôt à couvert, tantôt à découvert, contre les intérêts du Royaume.
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Pourquoi donc exiger de nouveau un référendum alors que le Conseil de sécurité de l’ONU l’a déjà enterré depuis plusieurs années, lorsque Peter Van Walsum, l'ex-Envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, a clairement conclu que cette option est irréalisable? Et puisque Tebboune en appelle «à l'application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité», pourquoi n’a-t-il pas pris en considération la dernière résolution onusienne en la matière, à savoir la résolution 2494, du 30 octobre 2019?
Tebboune, qui affirme de même que les autres pontes du régime, que l’Algérie n’est pas une partie au conflit du Sahara semble perdre ses nerfs par le peu d’intérêt que la communauté internationale accorde à ce dossier. Il est particulièrement stigmatisé par la non-nomination d’un successeur de Horst Köhler. La réunion du conseil de sécurité au mois d’octobre se déroulera donc en l’absence d’un émissaire onusien au Sahara. Les priorités de la communauté internationale se situent ailleurs. Et en dépit des gesticulations algéro-polisariennes, le mandat de la Minurso sera très probablement prorogé de 12 mois. Antonio Guterres, qui se prépare à une année électorale où il sera en campagne pour sa réélection à la tête de l’ONU, sait très bien où se situent les dossiers qui interpellent la communauté internationale.