Le document couvre la période du 1er juillet 2024 au 30 juin 2025 et se veut un round-up des différents aspects relatifs à l’évolution du dossier du Sahara. Il s’agit du rapport du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, récemment distribué aux membres du Conseil de sécurité. Le secrétaire général s’y dit vivement préoccupé par l’évolution de la dynamique au Sahara et appelle à un changement de cap «sans délai».
Une «détérioration continue», une situation «intenable»
«Je reste vivement préoccupé par l’évolution de la dynamique au Sahara occidental. La détérioration continue de la situation est alarmante et intenable, et il est urgent de renverser la tendance pour éviter toute nouvelle escalade», écrit le secrétaire général de l’ONU. Tout en précisant que son envoyé personnel a eu, à de nombreuses occasions, des entretiens avec des responsables algériens, il appelle «toutes les parties concernées» à changer de cap sans délai. À l’approche du cinquantième anniversaire du conflit et dans ce contexte difficile, «il reste plus urgent que jamais de trouver une solution», lit-on.
Le référendum définitivement exclu, l’autonomie entérinée
Tout au long des sept pages du rapport, l’option d’un référendum d’autodétermination n’est aucunement citée. Défendue bec et ongles par le Polisario et l’Algérie, cette option n’en est définitivement plus une. En face, le rapport souligne le soutien aussi bien de la France que du Royaume-Uni au plan d’autonomie du Sahara sous souveraineté du Maroc. Des appuis mis en avant comme les principaux faits nouveaux de la période examinée.
Guterres rappelle ainsi que le 9 juillet 2024, le président français Emmanuel Macron a envoyé au roi Mohammed VI une lettre indiquant que, pour la France, le plan d’autonomie proposé par le Maroc «constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU». Le document indique également que le 1er juin 2025, le Royaume-Uni a déclaré qu’il considérait le plan marocain d’autonomie comme «la base la plus crédible, viable et pragmatique pour un règlement durable du différend» et s’est dit disposé à aider l’Envoyé personnel du Secrétaire général à parvenir à un tel résultat.
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S’il cite également les deux arrêts du 4 octobre 2024 de la Cour de justice de l’Union européenne dénonçant les accords commerciaux en matière de pêche et de produits agricoles signés en 2019 par l’UE et le Maroc, le rapport ne manque pas de rappeler que le Royaume «ne se considérait aucunement concerné par la décision» estimant qu’elle contenait «des errements juridiques [...] et des erreurs de fait suspectes».
Les attaques du Polisario attestées
Sur le terrain, le rapport du secrétaire général de l’ONU fait état de tensions et d’hostilités «de faible intensité», en précisant que «la plupart des tirs signalés à la Minurso par les parties sont restés concentrés dans le nord du territoire, près de Mahbas». Le document atteste surtout de la véracité des attaques terroristes menées par le Polisario contre des cibles civiles à l’ouest du mur de défense et «a observé des traces d’obus d’artillerie explosés».
«Le 9 novembre, des tirs ont été signalés dans la ville de Mahbas, non loin de commémorations civiles organisées à l’occasion du quarante-neuvième anniversaire de la Marche verte. Ces tirs n’ont fait aucune victime. Le 11 novembre, la MINURSO a enquêté sur le lieu de l’incident et localisé les débris de quatre roquettes», confirme le rapport. Le 27 juin, la Minurso a également déterminé que «quatre roquettes, dont l’une avait atterri à 200 mètres de la base de Smara, avaient été tirées depuis un point situé à 40 kilomètres environ à l’est du mur de sable». Guterres souligne que son représentant spécial a adressé des lettres distinctes au Polisario pour manifester «sa profonde préoccupation à la suite de cet incident et lancer un nouvel appel à la cessation des hostilités».
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Ces attaques sont qualifiées par le commandant de la zone Sud des Forces armées royales d’«acte d’hostilité manifeste». Le document précise que, dans une lettre adressée au secrétaire général le 12 novembre, le représentant permanent du Maroc a déclaré que le Maroc se réservait le droit de prendre toutes les mesures qu’il jugerait appropriées pour mettre fin aux menaces et agressions visant ses citoyens pacifiques, son intégrité territoriale et sa souveraineté nationale, «dans le plein respect de l’article 51 de la Charte des Nations unies».
Réduction du financement à Tindouf, Alger colmate les brèches
Le rapport note qu’en 2025, tant le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le Fonds des Nations unies pour l’enfance, le Programme alimentaire mondial et l’Organisation mondiale de la Santé, ainsi que les organisations non gouvernementales, ont réduit l’aide apportée aux camps de Tindouf en Algérie. En cause, des coupes budgétaires opérées par les donateurs.
«Ces réductions ont eu une incidence dans des domaines essentiels et vitaux tels que l’alimentation, le gaz, l’éducation, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, et la nutrition. Les résultats préliminaires de l’enquête sur la nutrition de 2025 montrent que la situation s’aggrave, la prévalence de la malnutrition aiguë globale étant proche de 13% et celle du retard de croissance dépassant les 30%», lit-on. Dans un contexte où les Algériens manquent de tout, le rapport précise que le régime voisin a injecté des fonds pour compenser la réduction de 30% des rations alimentaires délivrées par le Programme alimentaire mondial. L’ONU estime que 103,9 millions de dollars supplémentaires seront nécessaires en 2025.












