Jusqu’à ce mardi 12 avril, seulement un média du Polisario et un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangère ont «confirmé» le déroulement d’une frappe aérienne contre des cibles dans la zone tampon du Sahara, située aux confins de la pointe méridionale du Sahara atlantique et de la ligne septentrionale de la Mauritanie.
Ce mardi après-midi, le ministère algérien des Affaires étrangères a en effet publié, dans le sillage des sources médiatiques du Polisario, un communiqué dans lequel il affirme que «l'Algérie condamne énergiquement les assassinats ciblés commis au moyen d'armes de guerre sophistiquées par le Royaume du Maroc, en dehors de ses frontières internationalement reconnues, contre des civils innocents, ressortissants de trois pays de la région».
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Contrairement au communiqué du 4 novembre 2021 qui condamnait un incident du même genre, celui de ce mardi émane du ministère des Affaires étrangères (MAE) et non pas de la présidence algérienne. Dans le communiqué de la présidence algérienne, qui a fait suite à la mort «mystérieuse» de trois camionneurs algériens dans la même zone, la plus haute autorité de l’Etat avait menacé le Maroc en affirmant que cet acte «ne restera pas impuni». Une menace de représailles qui a cette fois disparu du communiqué du MAE qui a manifestement baissé d’un cran le ton belliqueux.
Il s’en tient plutôt à ce qu’il appelle les «organes compétents du système des Nations unies», car, selon le MAE algérien, ce prétendu «acharnement contre des civils à travers des homicides intentionnels et prémédités constitue une violation systémique grave du droit humanitaire international qui doit être vigoureusement dénoncée et résolument dissuadée».
Sans trop s’arrêter sur cette hypocrisie du régime algérien, le dernier à pouvoir s’ériger en défenseur du droit humanitaire, il convient juste d'ajouter que le communiqué du département de Ramtane Lamamra insinue que des ressortissants «de trois nationalités» ont été tués dans la frappe de dimanche dernier, sans préciser desquelles il s’agit.
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En tout cas, une source de l’armée mauritanienne, qui a été sollicitée par la presse locale pour donner des précisions sur cet incident, a répondu qu’il n’y avait rien à signaler dans les frontières nord du pays. Et d’ajouter que si par le passé des missiles et autres roquettes perdus sont tombés à l’intérieur des frontières mauritaniennes, cela fait très longtemps que de tels incidents ne se sont plus produits.
Reste à savoir pourquoi l’Algérie, qui a incité, en novembre 2020, le Polisario à rompre unilatéralement le cessez-le-feu en vigueur dans la région depuis 1991, accuse sans vergogne le Maroc d’être derrière l’escalade dans la région. D'autant que, lorsque les Forces armées royales mettent hors d’état de nuire les miliciens du Polisario venus du territoire algérien, le Maroc reste en position de légitime défense. Le Royaume a toujours appliqué, jusqu’ici, une politique strictement défensive, et n’est jamais allé au-delà de ses frontières internationales contrairement à ce dont l'accuse le communiqué algérien.
L’Algérie, de la même façon qu’elle boucle hermétiquement les camps de Lahmada, empêchant les civils sahraouis d’en sortir, doit aussi empêcher toute entrée, à partir de son territoire, de civils vers une zone de guerre. La zone tampon est une zone de guerre et quiconque s’y aventure sait pertinemment s’exposer à un risque majeur. Il y a d’ailleurs lieu de se poser des questions sur la persistance irresponsable des autorités algériennes à envoyer des camionneurs dans une telle zone, alors qu’il existe une large bande reliant directement l’Algérie à la Mauritanie, sans avoir besoin de traverser les territoires marocains. A moins que ces «civils» qui franchissent la zone tampon n’y soient envoyés à des fins militaires.