Le 10 août 2022, quelques jours après son investiture et dans une initiative qui a surpris tout le monde, le gouvernement du président colombien Gustavo Petro a décidé de reconnaître la Rasd. Cela a eu surtout l’effet d’un séisme au sein des politiques colombiens, les sénateurs en premier lieu.
Le 25 octobre, ces derniers ont organisé la riposte. En tout, ce sont 62 sur 108 sénateurs qui ont présenté et donné lecture d'une motion d’appui au Maroc, exhortant le gouvernement à se raviser.
Pour résumer la teneur de cette motion, signée par certains élus du parti du président Petro (El Pacto Historico, dont fait aussi partie Roy Barreras), il y est écrit qu’il était insensé d’hypothéquer près d’un demi-siècle d’excellentes relations entre les deux pays en renouant les liens avec «un mouvement séparatiste qui s’autoproclame un "pays", mais qui, en réalité, n'est pas reconnu par la grande majorité des pays du monde, et encore moins par les Nations unies».
«En déterrant une résolution datant de plus de 37 ans, il est évident que cette décision a été prise sans évaluer la situation actuelle, ni en mesurer les conséquences, affectant profondément les excellents liens d'amitié qui nous lient historiquement au Maroc, grand pays ami et allié, qui représente pour la Colombie un partenaire stratégique et privilégié en Afrique et dans le monde arabe, au regard de son leadership et sa reconnaissance aux niveaux régional, continental et mondial», précise la motion.
Lire aussi : Sahara: 62 sénateurs colombiens rejettent la reconnaissance par leur pays de la pseudo-Rasd
Aujourd’hui, les sénateurs colombiens signataires de la motion campent sur leur position, persistent et signent. Roy Barreras, dans cet entretien exclusif avec Le360, réaffirme sa position et celle de ses camarades au Sénat. «La position de l’Etat colombien, à commencer par ses instances législatives, est celle qui reconnaît surtout l’importance de nos relations diplomatiques avec le Royaume du Maroc, vieilles de plus d’un demi-siècle, et qui priment sur tout le reste», nous déclare-t-il.
La bataille continueNotre interlocuteur met la position du nouveau gouvernement sur le compte de l’influence de quelques tendances gauchisantes nostalgiques d’une époque révolue. Pour autant, il n’y aura pas de fait accompli. Du côté marocain, comme du côté colombien, des initiatives seront entreprises pour pousser Gustavo Petro et son équipe à revoir leur position.
«Notre motion entre dans le cadre du rôle de contrôle que le Congrès exerce sur l’Exécutif et qui fera l’objet d’un débat avec le ministre des Relations extérieures au cours des deux prochaines semaines», nous confie Roy Barreras.
Lire aussi : Pour le président du Sénat colombien, le Maroc est un «allié stratégique» dans la région arabe
«Nous entendons également, dans le cadre d’une délégation du Congrès, nous rendre au Royaume et rencontrer les parlementaires marocains. Le but est de créer plus d’échanges avec nos homologues marocains et améliorer notre communication. Dans le même ordre d’idées, nous allons accueillir des parlementaires marocains à Bogota», ajoute le responsable colombien. Et d’insister que «dans tout cela, une chose est vraie et primordiale: nous devons préserver nos relations avec le Maroc», conclut Roy Leonardo Barreras Montealegre.
Fait marquant: après la décision du président Petro, le Maroc n’a pas rappelé, comme cela se fait dans ce genre de cas, son ambassadrice à Bogota, Farida Loudaya. Un signe que la bataille est loin d’être perdue? C’est tout ce qu’on espère pour le Maroc, pour la Colombie, pour l’avenir.