Sans le nommer explicitement, Mezouar a annoncé le divorce avec le PJD en déclarant: "Nous refusons l'hégémonie et la mainmise sur nos décisions d'un parti auquel nous nous sommes alliés pour sauver le gouvernement (...). Nous avons été accusés de trahison, une accusation grave qui n'a été employée politiquement qu'une seule fois dans l'histoire du Maroc et ce, lors du colonialisme".
Le chef du RNI s'en est pris à ceux "qui s'opposent à notre autonomie de décision" récusant toute exploitation de la religion dans la vie politique nationale. "Nous sommes tous musulmans, nous n'avons pas besoin qu'on nous apprenne comment prier et se vêtir. La femme a des droits, le Maroc respire la liberté et la diversité", a-t-il martelé devant une salle acquise dans un discours d'une durée de plus d'une heure.
Enfonçant le clou, le patron du parti de la Colombe a estimé qu'une alliance gouvernementale ne veut pas dire un "pacte" avec le PJD et Benkirane. Salaheddine Mezouar a aussi asséné un coup à la "cohésion majoritaire" et prononcé le divorce, selon les observateurs, en affirmant que son parti soutient les "manifestations de rue" en allusion à la grève générale du 24 février à laquelle ont appelé les principaux syndicats et à la grève qu'observent depuis cinq mois les 10.000 étudiants stagiaires. Le gouvernement actuel aurait été incapable, selon lui, de s'attaquer au développement du monde rural et au chômage.
"40% des chômeurs sont des jeunes de moins de 35 ans. Le monde agricole reste tributaire de la pluie, le monde rural figure parmi les manquements de l'action gouvernementale", selon Mezouar mettant en garde contre la situation géopolitique de la région. Ce sont 32 des 35 membres du Bureau politique du RNI qui ont assisté à cette réunion du Conseil national du parti de la Colombe.
Parmi l'assistance, figuraient les autres ministres RNIstes: Mohamed Boussaid (Finances), Moulay Hafid Elalamy (Industrie), Mohamed Abbou (Commerce extérieur), Anis Birou (MRE), Fatima Marouane (Artisanat). L'absence de Moncef Belkhyat a été remarquée comme celle de Mbarka Bouaida qui est rentrée à l'aube de New-York au terme d'une visite de travail aux Etats-Unis.