Rentrée sociale: les syndicats mettent déjà la pression

Les syndicats CDT et UMT au sein de l’Office nationale de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) ont organisé une grève nationale du 17 au 19 avril dernier.

Les syndicats CDT et UMT, au sein de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) ont manifesté devant le Parlement du Royaume, les 17 au 19 avril 2025.

Revue de presseLa rentrée sociale s’annonce sous haute tension dans le Royaume. Alors que le gouvernement tarde à annoncer la date de la nouvelle session du dialogue social prévue en septembre, les principales centrales syndicales affichent leur impatience et multiplient les avertissements. Au cœur des revendications: la réforme des retraites, l’amélioration du pouvoir d’achat, ainsi que les dossiers sensibles de l’éducation et de la santé. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 07/09/2025 à 18h09

Les signaux d’un automne social tendu se multiplient. Selon plusieurs sources syndicales, le retard pris par l’exécutif pour fixer la date de la «rentrée sociale» nourrit les inquiétudes quant au sérieux du dialogue à venir.

Dans un contexte marqué par la flambée des prix et la lenteur de la réponse gouvernementale aux attentes des salariés, les centrales entendent faire de septembre un rendez-vous décisif, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce lundi 8 septembre.

Parmi les dossiers les plus explosifs, figure celui des régimes de retraite, a-t-on écrit. Ces derniers font face à une pression croissante. Le nombre de retraités augmente, l’espérance de vie s’allonge, tandis que le nombre de cotisants actifs recule. Résultat, plusieurs caisses accusent déjà un déficit structurel. Pour les syndicats cités par le quotidien, l’urgence est claire. «Il ne s’agit pas de simples mesures conjoncturelles, mais d’une réforme en profondeur, avec de véritables garanties sociales et un plan de financement durable», ont-ils déclaré.

Les propositions syndicales mettent en avant la nécessité de trouver de nouvelles sources de financement, soit par l’élargissement de la base des cotisants, soit par une contribution accrue des différents acteurs économiques.

Les centrales insistent aussi sur la question de l’équité intergénérationnelle: protéger les droits acquis des retraités actuels, tout en assurant aux générations futures des pensions équivalentes.

Dans ce climat de crispations, les leaders syndicaux haussent le ton, indique Al Akhbar. Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), affirme que son organisation «attend des réponses concrètes du gouvernement» et que les priorités restent inchangées: une augmentation générale des salaires, une réduction de l’impôt sur le revenu jugé excessif pour les travailleurs, ainsi qu’une revalorisation des allocations familiales. «Les montants actuels sont une source de honte», a-t-il dénoncé. Moukharik a également insisté sur la défense de la liberté syndicale, «trop souvent bafouée».

L’UMT revendique par ailleurs un SMIG à 5.000 dirhams, objectif qu’elle entend maintenir à l’agenda des négociations sectorielles à venir. Pour sa part, Bouchta Boukhalfa, numéro deux de la Confédération démocratique du travail (CDT), rappelle que la prochaine session doit aussi servir à «évaluer les accords déjà conclus, dont une large partie reste lettre morte», notamment ceux issus du pacte social d’avril 2022. Il a aussi souligné que la tenue de la session coïncidait avec la préparation de la loi de finances 2026, «ce qui rend impératif de placer la question sociale et la relance du pouvoir d’achat au cœur des priorités budgétaires».

Pour la CDT, l’enjeu est également institutionnel: établir un dialogue social régulier et contraignant, afin de donner aux syndicats une véritable capacité de négociation sur des dossiers transversaux tels que la fiscalité, les retraites, ou encore l’inclusion du secteur informel.

À la veille de cette rentrée, le climat est donc électrique. Les syndicats veulent transformer septembre en un moment de vérité pour tester la volonté du gouvernement de tenir ses engagements. En toile de fond, la crainte grandissante d’un bras de fer social qui pourrait peser lourdement sur la stabilité du Royaume et sur la préparation des grandes échéances économiques et sociales à venir.

Par La Rédaction
Le 07/09/2025 à 18h09