Dans une étrange sortie médiatique sur les ondes d’une radio espagnole, le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a accusé le Maroc de faire du "chantage" à l’Europe, par migration interposée. "Ceuta, c'est l'Europe, cette frontière est une frontière européenne et ce qui se passe là-bas n'est pas le problème de Madrid, c'est le problème de tous les Européens", a-t-il affirmé.
Si elle vient valider une survivance du passé colonial que l’Europe continue de défendre à tue-tête alors que nous sommes au XXIe siècle, cette déclaration surprenante traduit également un sentiment à peine voilé de supériorité et d’arrogance dont fait preuve l’UE dans sa politique extérieure avec "les pays tiers".
Cette sortie de piste montre également à quel point l’Europe est si fragile et myope quand il s’agit de prendre position sur des questions aussi cruciales que celles de la migration ou la sécurité. Hier, c’était avec la Turquie et la Russie. Aujourd’hui, c’est au tour du Maroc de subir les frustrations d’une Europe incompétente et en perte de repères.
La déclaration du responsable européen montre aussi comment l’UE, empêtrée dans des petits calculs politiques, peut oublier en une fraction de seconde les efforts du Maroc dans la gestion de la crise migratoire faite dans un esprit de responsabilité, de sérénité et de loyalisme envers ses partenaires. L'Espagne et l'Europe ne peuvent pas en dire autant.
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Margaritis Schinas oublie de reconnaître aussi que si la problématique migratoire persiste encore et depuis plusieurs années avec des centaines de morts et autant de naufragés en Méditerranée, c’est d’abord en raison des échecs successifs de l’UE à trouver des solutions globales, concertées et viables avec les pays émetteurs et de transit.
La migration est une affaire sérieuse. Il ne s’agit pas de donner de l’argent au lance-pierres ou d’exporter un problème qui reste d’abord européen. L’Europe ne saurait ériger un mur autour d’elle et refiler la patate chaude aux "pays tiers". L'idée de la "forteresse" Europe, chère à l'extrême droite xénophobe et raciste semble bien trouver écho à Bruxelles.
Le vice-président de la Commission européenne a également fait allusion à "l’instrumentalisation" par le Maroc de la question migratoire, balayant d’un revers de la main les efforts soutenus et inlassables du Royaume dans le domaine de la lutte contre l’immigration clandestine. Il oublie encore une fois que le Maroc est un pays souverain et qu'il n'est pas le gendarme de l’Europe.
Margaritis Schinas ignore ou feint d’ignorer que le Maroc a été le premier pays dans la région à adopter une politique migratoire nationale à visage humain qui a épargné à l’Europe "le fardeau" de la prise en charge de milliers de migrants, notamment subsahariens, qui sont aujourd’hui parfaitement intégrés dans le tissu économique et social du Royaume sans discrimination aucune, au même titre que les nationaux.
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Cette politique migratoire réussie a valu au Maroc une place de leader au niveau africain et en Méditerranée. La vision régionale et continentale du Royaume converge avec son engagement international en tant qu’acteur dynamique et solidaire dans ce domaine.
Le Royaume, rappelle-t-on, avait accueilli en décembre 2018, la Conférence internationale sur la migration sous l’égide de l’ONU ayant adopté le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Et ce n’est pas ce Maroc, responsable, engagé et associé au plus haut niveau dans la recherche de solutions et de compromis novateurs dans la réflexion et la gestion mondiales de cette problématique qui va "instrumentaliser" les migrants et jeter ses ressortissants à la mer par caprice ou par dépit pour narguer un pays voisin. Le Maroc retiendra en revanche que l’UE, complaisante et frigide, a été incapable de s’exprimer sur l’accueil par l’Espagne d’un criminel de guerre sur son territoire.
Quant à la communauté internationale, elle est en droit de se demander pourquoi ce repris de justice notoire qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen, est accueilli en VIP en terre européenne, alors que des milliers de réfugiés qui fuient la pauvreté, la famine et les guerres, sont abandonnés en mer.