Projet de loi n°59.24: le syndicat de l’enseignement supérieur reçu par Azzedine Midaoui, fracture persistante entre le ministère et les universitaires

Lors de la conférence de presse du bureau national du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNE-Sup), à Rabat le 17 septembre 2025. (Y.Mannan/Le360)

Le 17/09/2025 à 18h48

VidéoAlors que la polémique enfle autour de la réforme, le Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNE-Sup) a annoncé, ce mercredi, avoir rencontré le ministre Azzedine Midaoui pour lui remettre un cahier de revendications couvrant l’ensemble des questions en suspens.

Cette rencontre a eu lieu ce mercredi à l’invitation du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, a indiqué le bureau national du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNE-Sup). La réunion a été l’occasion de discuter de plusieurs dossiers relatifs aux questions en suspens ainsi qu’aux nouveautés contenues dans le projet de loi n°59.24. Lors de cette rencontre, Azzedine Midaoui a fourni des explications sur les axes de la réforme structurelle en cours.

De son côté, le bureau national a insisté sur «l’importance du dialogue institutionnel sérieux et responsable», rappelant la nécessité de consolider le partenariat avec le ministère en adoptant «une approche participative pour toute réforme relative au secteur». Le syndicat a estimé qu’«une réforme doit passer par un dialogue participatif en associant les instances élues des établissements universitaires».

À cette occasion, le syndicat a demandé «l’ouverture d’un large débat national autour de ce projet, afin qu’il soit en harmonie avec la réalité universitaire et qu’il tienne compte des spécificités de chaque établissement, tout en respectant les exigences académiques et scientifiques», sans omettre le rôle du Parlement.

Concernant les dossiers en suspens, le SNE-Sup a demandé au ministre d’annoncer «les résultats de la promotion au titre de 2023, dont la date avait été fixée au 20 octobre 2022». Il a également appelé à la tenue «urgente des commissions scientifiques et sectorielles».

Le bureau national a de nouveau insisté sur la nécessité de publier le décret d’exception pour les titulaires de doctorats étrangers, conformément aux engagements antérieurs signés avec le ministère depuis octobre 2022. Le syndicat a demandé au ministre d’accélérer l’adoption de ce décret, qui concerne particulièrement les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire, compte tenu des besoins pressants dans ces disciplines.

À noter que le Syndicat national de l’enseignement supérieur a observé ce même jour une grève nationale préventive, dénonçant le projet de loi 59.24, qui doit être discuté au Parlement lors de la session d’octobre. Selon plusieurs observateurs, cette polémique traduit une fracture persistante entre les partisans de la réforme et une partie du corps universitaire, incapables de s’accorder sur le rôle stratégique des universités dans le développement national et sur le niveau de performance attendu par la société.

Entre volonté réformatrice du ministère et exigences syndicales, le projet de loi 59.24 cristallise un désaccord profond: il révèle autant l’urgence de moderniser l’université que la nécessité d’un dialogue inclusif pour en légitimer les contours.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 17/09/2025 à 18h48