La campagne de contrôle des prix menée par les autorités locales à laquelle participent les walis, les gouverneurs et les agents d’autorité est vue d’un bon œil par les citoyens. L’éditorialiste du quotidien Al Akhbar rapporte, dans l’édition du jeudi 16 février, que même le ministre de l’Agriculture a effectué une visite de terrain pour s’enquérir de la situation dans les marchés des légumes. Les actions de ces responsables pour stopper les spéculateurs qui manipulent les prix des légumes et des denrées alimentaires au détriment de la bourse des petits revenus, voire de la classe moyenne devraient être saluées. Mais il n’en demeure pas moins que nombreux Marocains s’interrogent sur l’impact de ces campagnes intenses de contrôle dans la baisse des prix. Ils se demandent si elles vont se poursuivre ou si elles sont uniquement saisonnières pour contenir la colère et les plaintes des citoyens qui ont élevé leur voix contre cette inflation rampante.
Bien que cette campagne ait accusé un retard, elle demeure nécessaire mais elle ne suffit pas face à la cupidité des lobbys et la sélectivité des décisions car le contrôle des prix et la forte présence des autorités dans les points de vente n’aura pas de sens sans tenir compte de certains facteurs. De prime abord, il faut que le contrôle soit érigé en une politique publique pérenne et non pas une campagne provisoire imposée par la colère exprimée par les citoyens dans les réseaux sociaux. Car le contrôle ne doit pas être une épée que le gouvernement brandit à chaque fois qu’il se trouve sur la sellette, mais il doit être une mesure juridique dictée par la loi sur la protection du consommateur.
L’éditorialiste du quotidien Al Akhbar souligne que le deuxième point consiste à ce que le contrôle ne soit pas sélectif en ne ciblant que les petits commerçants et les agriculteurs. Il faut qu’il soit global, équitable et audacieux pour inclure les grands et les petits commerçants sans distinction dans l’application de la loi. Troisièmement, il faut que le contrôle débouche sur la délimitation des responsabilités et la prise de sanctions à l’encontre des spéculateurs notamment les grands oligopoleurs et les lobbys qui ont la mainmise sur les prix.
Quatrièmement, il faut que cette campagne entraine la baisse des prix sur le champ car le panier des citoyens ne supporte pas le retard, le report ou le jeu sur le facteur temps. Enfin, il ne faut pas se persuader que le contrôle
gouvernemental des marchés contribuera à la baisse des prix car il faut prendre d’autres mesures dans le domaine de l’aide financière directe aux familles nécessiteuses, la hausse des salaires, la réduction des exportations pendant les périodes de crise et avant tout l’actualisation de la stratégie agricole au vu des contraintes climatiques et géostratégiques.