La récente visite du ministre britannique des Affaires étrangères au Maroc a permis au Royaume-Uni de prendre les devants sur une question diplomatique négligée par la communauté internationale depuis près d’un demi-siècle: celle du statut du Sahara occidental.
Cet engagement diplomatique britannique est particulièrement significatif, a souligné Sir Simon Mayall, un officier retraité de l’armée britannique et ancien conseiller pour le Moyen-Orient au ministère de la Défense, dans une tribune, riche en enseignements, publiée dans le quotidien The Daily Telegraph.
Ce vaste territoire de plus de 260.000 km² abrite une population équivalente à celle de Leeds, répartie sur une superficie plus grande que celle du Royaume-Uni, a constaté l’auteur de cet article.
«Le Maroc y a investi massivement et de manière innovante, créant des dizaines de milliers d’emplois et de nombreuses perspectives de développement. Toutefois, ce développement économique reste entravé par un conflit territorial gelé, contribuant à la détérioration de la situation humanitaire dans les camps de réfugiés de Tindouf, en Algérie», lit-on.
Dans le cadre d’un accord de partenariat global signé cette semaine entre Londres et Rabat, le Royaume-Uni reconnaît pour la première fois le plan d’autonomie proposé par le Maroc comme la base la plus crédible, viable et pragmatique pour une paix durable au Sahara occidental.
«En acceptant les grands principes de ce plan, la diplomatie britannique s’aligne enfin sur celle de ses principaux alliés occidentaux -dont la France, l’Espagne et les États-Unis-, modifie les équilibres au Conseil de sécurité de l’ONU et à l’Assemblée générale, et jette les bases d’une résolution définitive et durable du conflit. Une telle résolution servirait au mieux les intérêts des populations du Sahara occidental, et représente de loin la meilleure chance d’apporter prospérité et développement économique et humain à la région et au-delà», a aussi écrit Sir Simon Mayall.
Pour lui, le soutien britannique traduit une prise de conscience du FCDO (Foreign, Commonwealth & Development Office) que les dynamiques politiques en Afrique évoluent à nouveau, et que le Royaume-Uni doit clairement identifier ses alliés, distinguer les partenaires fiables et reconnaître ceux qui proposent des solutions concrètes aux défis du continent.
«À cet égard, le Maroc s’est imposé comme un rempart contre le terrorisme, l’extrémisme, le crime organisé, la migration illégale et les activités déstabilisatrices des agents russes et iraniens en Afrique subsaharienne; et le plan d’autonomie ouvre également de prometteuses perspectives économiques», a-t-il indiqué.
C’est la sécurité, la stabilité et la prospérité qui permettront de résoudre les problèmes humanitaires, de contrer l’attrait pernicieux de l’extrémisme, de freiner la migration et d’offrir de l’espoir.
«Ceux qui s’opposent à cette avancée et défendent le statu quo ont leurs propres intérêts, qui ne servent en rien les populations locales», ajoute-t-il.
Pour l’auteur, soutenir la stabilité au Sahara est politiquement et diplomatiquement la bonne décision, mais ce soutien au Maroc et à ses ambitions régionales débloquera également d’énormes opportunités économiques pour les entreprises britanniques.
Le partenariat entre le Royaume-Uni et le Maroc comprend notamment une ligne de financement de 5 milliards de livres sterling via UK Export Finance, qui stimulera la croissance économique dans toute la région.
Les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et le Maroc sont déjà une réussite discrète.
Depuis 2018, les échanges ont presque doublé pour atteindre 4,2 milliards de livres en 2024.
«Le Maroc joue un rôle-clé en garantissant un approvisionnement régulier des supermarchés britanniques tout au long de l’année, sans concurrencer nos propres agriculteurs et pêcheurs; tomates, sardines et fruits rouges figurent parmi les principales importations. L’ambition britannique de devenir une superpuissance en matière d’énergie propre pourrait bénéficier de ce partenariat, grâce à un accès à des projets d’envergure dans le solaire, l’éolien et l’hydrogène vert», a recommandé Sir Simon Mayall, qui rappelle que le Royaume-Uni et le Maroc entretiennent des relations depuis plus de 800 ans.
Un premier ambassadeur marocain s’était rendu à Londres en 1600, sous le règne d’Élisabeth Ière, et un premier traité commercial avait été signé il y a plus de 300 ans. Les deux pays entrent aujourd’hui dans une nouvelle ère, et se disent prêts à relever ensemble de nouveaux défis et à saisir de nouvelles opportunités.








