Le projet de loi de Finances de 2022 en discussion devant le Parlement a réservé la somme de 320 millions de dirhams au paiement des retraites exceptionnelles.
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du week-end (20 et 21 novembre), que plusieurs responsables, et autres privilégiés, bénéficient de cette pension et à leur tête le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane. Le coût de ces retraites exceptionnelles représente 1,37% du budget réservé à la rubrique des charges communes. Certaines sources indiquent que 150 chanceux parmi les politiques, les artistes et les sportifs touchent, chaque mois, cette pension exceptionnelle.
Un privilège qui grève le budget de l’État et qui s’ajoute à la retraite très contestée, et tout aussi exceptionnelle, accordée aux ministres dès leur fin de mission. Une hérésie juridique, sociale et économique qui permet à un ministre ou un secrétaire d’État de percevoir une retraite à vie même s’il n’a passé que quelques jours à la tête du ministère. Autant dire que la maire de Casablanca, Nabila Rmili, qui a été ministre pendant une semaine, risque fort bien de percevoir une retraite à vie de 39.000 dirhams par mois comme ses pairs quand ils quitteront le gouvernement.
Le quotidien Al Akhbar rappelle que les membres du gouvernement sortant perçoivent, durant toute leur vie, une pension de retraite de 39.000 dirhams pour les ministres, 30.000 dirhams pour les secrétaires d’État et 48.000 dirhams pour le Premier ministre. Mieux encore, en cas de décès d’un ministre, les ayants droits percevront la moitié de cette somme. C’est ainsi que le budget de l’État pour l’année 2021 a consacré la bagatelle de 727 millions de dirhams au paiement des retraites de ces ministres dont certains en bénéficient depuis des decennies.
Même en France, pays beaucoup plus riche que le Maroc, les ministres qui ne sont plus en poste n’ont pas droit à une retraite à vie. Normal que des voix s’élèvent pour protester contre cette gabegie budgétaire qui remplit les poches de personnes qui ne sont pas dans le besoin. L’Association de défense de deniers publics et les syndicats n’ont cessé de dénoncer cette rente politique que rien ne justifie. La colère suscitée par cette affaire sur les réseaux sociaux et au sein des ONG et des centrales syndicales a été ponctuée, dernièrement, par un sit-in devant le Parlement.