Visiblement, Abdelilah Benkirane est de plus en plus isolé au sein de son parti. En cause, son entêtement à refuser les tentatives de réconciliation avec d’anciens leaders du PJD qu’il avait choisi d’éloigner de la direction du parti. Désormais, sa démission est évoquée à cause de ce contexte délétère.
Dans son édition du lundi 12 décembre, Assabah écrit, à ce propos, qu’il se sent actuellement «gêné» par la montée des critiques qui lui sont adressées. D’ailleurs, de plus en plus de partisans boycottent les réunions du secrétariat général du PJD, expliquant qu’ils ne tolèrent plus les attaques de Benkirane contre d'anciens leaders du parti. Les sources du quotidien confient que la situation est devenue si pesante que le secrétaire général du parti de la Lampe a lui-même menacé de démissionner de son poste.
Si on en est arrivé là, ajoute Assabah, c’est à cause de la scission provoquée au sein du parti par la position d’Abdeliah Benkirane vis-à-vis des anciens leaders. Beaucoup ont tenté de le convaincre de prendre les devants et d'aller solliciter lui-même la réconciliation avec ses confrères. Cette réconciliation aurait été d’autant plus importante qu’elle concerne des cadres du PJD qui ont fait leurs preuves durant les deux mandats du parti à la tête du gouvernement et que, de plus, d’autres partis cherchent désormais à recruter en profitant des tensions au sein du PJD.
Mais Benkirane n’a cure de ces appels et préfère adopter une position complètement différente. Selon les sources d’Assabah, le secrétaire général s’attend à ce que les cadres éloignés prennent l’initiative de la réconciliation et fassent le premier pas. Il espère même que cela se fasse dans son propre domicile, ce qui lui permettrait de garder la face et constituerait une reconnaissance pour lui. Ce n’est que dans ces conditions qu’il acceptera de discuter de réconciliation et de mettre un terme au conflit interne qui secoue le parti.
En attendant de voir comment évoluera la situation, surtout à l’approche d’un Congrès national où devrait se faire une évaluation des résultats catastrophiques du parti lors des dernières législatives, Assabah nous donne déjà une idée des noms des anciens leaders avec lesquels Abdelilah Benkirane ne s’entend plus. Il s’agit par exemple de Aziz Rebbah, qui a suspendu ses activités au sein du PJD pour créer une association civile à laquelle il se consacre désormais. L’ancien secrétaire général et chef du deuxième gouvernement mené par le PJD, Saad-Eddine El Othmani, a également pris ses distances en se consacrant à son cabinet médical, tout en s’activant sur les réseaux sociaux pour donner des conseils aux citoyens.
L’ancien président de la région Rabat-Salé-Kénitra, Abdessamad Sekkal, a emboîté le pas à Aziz Rebbah quelques semaines après s’être éloigné du parti. Plusieurs autres cadres du PJD, bien que n’ayant pas exprimé de positions officielles contre Abdelilah Benkirane, ont également disparu des radars depuis plusieurs mois, préférant prendre leurs distances avec le secrétaire général. Alors, tout cela finira-t-il par pousser Abdelilah Benkirane vers la sortie? On en saura bientôt plus.