Le plus grand défi qui se pose au secteur de la santé au Maroc, c’est d’abord la surenchère permanente qu’a choisie la coordination des syndicats de la santé, qui a décidé non seulement de maintenir la pression sur le ministère de tutelle à travers des marches de protestation, mais vient de lancer un avis de grève nationale programmée à partir de la mi-juillet courant.
C’est du moins ce que rapporte le quotidien Al Ahdath El Maghribia dans son édition du vendredi 12 juillet, précisant que de nombreux centres hospitaliers, des centres de formation et des administrations seront paralysés par une grève à l’échelle nationale. Seules les Urgences resteront assurées. Au lieu des trois jours annoncés précédemment par la coordination des syndicats, qui englobe huit syndicats du secteur de la santé, la grève nationale va s’étendre sur cinq jours, du lundi 15 juillet au vendredi 19 juillet. Aucune opération chirurgicale, ni soins, ni analyses médicales ne seront réalisés durant ce break.
La coordination explique cette nouvelle escalade par l’entêtement du gouvernement à ignorer le cahier revendicatif des professionnels du secteur et son retard dans la mise en œuvre des accords signés avec les centrales syndicales.
Selon Al Ahdath, le dossier des étudiants en médecine est encore loin d’être réglé, malgré les nouvelles propositions présentées au parlement par le ministre de l’Education nationale et de la Santé. Lesquelles ont été déclinées lors d’une réunion, mercredi dernier entre les deux ministres d’un côté et les membres de la commission parlementaire des secteurs sociaux et celle chargée de l’éducation, de la culture et de la communication de l’autre. Lors de cette réunion, Abdellatif Miraoui, ministre de l’Education et de la recherche scientifique, a fermement rappelé qu’aucune concession ne serait faite sur la décision souveraine de réduire les années de formation dans le cadre du chantier de réforme des études en médecine, médecine dentaire et pharmacie.
Pour sa part, Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé et de la protection sociale, a affirmé devant les commissions parlementaires que les décisions prises dans le secteur de la santé s’inscrivent dans le cadre de l’amélioration de la qualité des soins, tout en prenant en compte les garanties sociales au profit des étudiants en formation et des professionnels de la santé en exercice.
Par ailleurs, Al Ahdath explique que le secteur de la santé ne souffre pas seulement du manque de personnel à causes des grèves et de la fuite des cerveaux, mais que les hôpitaux pâtissent également d’une pénurie de matériel et de médicaments.
Le matériel d’exploration radiologique, incontournable dans le diagnostic des maladies, et particulièrement les scanners et les IRM (imagerie par résonance magnétique), ne sont plus suffisants face à la demande croissante ou sont tout simplement en panne. Sur ce volet, l’hôpital Ibn Rochd de Casablanca est cité en mauvais exemple.
A cela s’ajoute la pénurie de nombreux médicaments dans les pharmacies des hôpitaux, dont certains indispensables pour les médecins anesthésistes, les médicaments pour diabétiques, pour les malades souffrant de tension artérielle et de maladies chroniques.