En ce qui concerne le contrôle qu’effectue l’institution législative sur le travail du gouvernement, le rôle accru des femmes représente une évolution positive. Pour la plupart élues au Parlement sans avoir adhéré à un parti, les députées se trouvent être plus actives que les députés, en ce qui concerne le contrôle de l’action du gouvernement.
Il y a ainsi en moyenne plus de femmes que d’hommes qui adressent des questions, orales et écrites, aux membres du gouvernement.
Selon Al Ahdath Al Maghribia de ce jeudi 25 janvier 2024, au cours des quatre premières sessions de l’actuelle législature, les femmes ont adressé au gouvernement un total de 6.005 questions, soit en moyenne 62 questions par députée, contre 45 questions seulement pour les députés.
Selon les conclusions d’une étude menée par l’ONG Tafra, que relaie le quotidien, ces statistiques indiquent que les députées sont plus engagées et plus actives dans le contrôle du gouvernement comparativement aux hommes, bien qu’aucune femme ne se trouve actuellement à la tête d’un groupe parlementaire.
Ce changement s’explique par le fait que, d’ordinaire, la session hebdomadaire des questions orales est aussi à l’origine d’un rendez-vous régulier des élus ont avec leurs électeurs.
C’est à cette occasion, par les questions que leurs électeurs posent habituellement à propos de leur quotidien, que les élus peuvent montrer qu’ils tiennent leurs engagements électoraux envers leur circonscription. C’est donc là un argument électoral, pour celles et ceux qui souhaitent se porter candidats au renouvellement de leur mandat.
Et si aujourd’hui la situation est différente au Parlement, c’est parce que les députées ont, dans leur majorité, été élues dans une circonscription nationale.
Elles ont de ce fait pu accéder à l’hémicycle du Parlement grâce à un dispositif de discrimination positive, et représentent 23% de l’ensemble de l’effectif actuel de la Chambre des représentants, alors que les hommes occupent 77% des sièges de cet hémicycle.
Selon Al Ahdath Al Maghribia, qui se réfère à une précédente étude réalisée par cette même ONG, portant sur la législature 2011-2016, le nombre de questions posées, en moyenne, par les députés de la première Chambre était relativement dominé par les hommes qui ont en moyenne adressé 110 questions aux membres du gouvernement, contre une moyenne de 95 questions pour les femmes.
L’actuelle inversion de cette tendance en faveur des femmes suggère une évolution positive de leur participation parlementaire, explique le quotidien.
«Ce constat renforce l’idée selon laquelle la pérennisation du système de quotas produit des effets bénéfiques, favorisant une amélioration significative de la participation des femmes dans diverses activités et fonctions parlementaires», écrit Al Ahdath Al Maghribia, qui cite le récent rapport de l’ONG Tafra.
Selon ce même document, en ce qui concerne la répartition des questions posées, 68% des questions de la première Chambre du Parlement émanent de députés, hommes et femmes, nouvellement élus, avec un nombre moyen de 89 questions par député.
Les «vétérans» des deux genres comptent pour 32% des questions posées, avec un nombre moyen de 26 questions par député réélu.
D’après cette étude, cette différence peut être interprétée de diverses manières: «les nouveaux députés, au début de leur parcours parlementaire, peuvent ressentir la nécessité d’affirmer leur position au sein de leur groupe parlementaire, motivés par l’élan électoral qui les a ppoussés pour la première fois à siéger au sein de la Chambre et par l’intention d’exprimer leurs idées».
En revanche, «les députés réélus, qui ont déjà une expérience et un réseau établi, pourraient privilégier d’autres modalités d’action de leur travail parlementaire, y compris, sans doute, à travers des interactions plus personnalisées avec les représentants du gouvernement», indique l’ONG Tafra dans cette étude.