L’opposition se cherche encore. La perspective de la réforme du règlement intérieur de la première Chambre et d’un agenda législatif éminemment social ont poussé les partis de l’opposition à se mobiliser. Il y a une semaine, les chefs des groupes parlementaires de l’USFP, du MP et du PPS ainsi que le chef du groupement du PJD ont fait le tour des sièges des quatre formations. Objectif, créer une coordination de l’opposition, voire un «front de l’opposition». L’initiative s’est soldée par un échec, commente l’hebdomadaire La Vie éco dans sa livraison du 20 mai.
L’objectif d’organiser, dans les jours à venir, une rencontre des patrons des quatre formations de l’opposition n’a pas été atteint, note l’hebdomadaire. Les causes sont multiples. C’est d’abord une question d’ego des uns et des autres. Difficile, en effet, voire impossible, de réconcilier par exemple le chef de file du PJD avec le premier secrétaire de l’USFP, les deux sont en brouille depuis le jour de l’éviction de Benkirane à la tête du gouvernement en 2016. Il n’est pas non plus facile d’organiser une réunion à laquelle Driss Lachguar prendra part avec le patron du PPS.
On ne peut, du reste, pas concevoir, pour des raisons évidentes, que le PJD et l’USFP en tant que formations partisanes s’accordent par exemple sur une action législative sur fond d’un projet de société commun. De même que, tout en restant dans une même famille, la gauche en l’occurrence, il semble difficile que le PPS et l’USFP avancent main dans la main vers un même objectif, serait-ce de contrer le gouvernement. Même si le premier a déjà montré qu’en matière d’idéologie et contre toute attente, il est capable de faire un grand écart surprenant, en s’alliant durant deux mandats avec le PJD.
Bref, relève La Vie éco, les promoteurs du projet du «front commun» de l’opposition en conviennent eux-mêmes. Leur coordination, et le projet se limite en vérité à cela, ne dépassera sans doute pas le stade de quelques actions ponctuelles conjointes des députés des quatre formations.
Car, souligne l'hebdomadaire, il faut bien le reconnaître, on ne peut pas par exemple s’attendre à ce que l'USFP fasse partie d’une initiative dont il ne serait pas le chef de file. En clair, si entente il y a entre ces formations, l’USFP ne peut qu’en être le leader. C’est d’ailleurs tout à fait légitime, puisqu’avec ses 34 sièges, c’est, après tout, la première force de l’opposition.
Le PJD avec ses 13 membres, qui incarne l’opposition «voilée», en référence à la domination féminine dans son équipe, ne se laissera faire. Il vient de sortir d’une expérience de dix ans à la tête du gouvernement et n’aimera surtout pas être réduit à cela. C’est le cas pour le PPS qui n’a jamais accepté d’évoluer dans une coalition de gauche guidée par l’USFP qui reste, malgré tout, là encore, la première force de gauche.
En définitive, et les chefs des groupes et du groupement parlementaire en conviendraient sans doute, les seules situations où les partis de l’opposition pourraient aller jusqu’à présenter des amendements communs sont celles où il s’agit de textes d’intérêt national et ne touchant pas au référentiel de chaque parti. Et ce genre de cas ne se présente pas tous les jours.