«Nous sommes laïcs»: Ahmed Toufiq clarifie ses propos

Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des affaires islamiques.

Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des affaires islamiques. . MAP

Revue de presseAprès les propos qu’il a tenus devant les députés de la première chambre sur la laïcité des Marocains, le ministre des Habous et des affaires islamiques a fait l’objet d’une série d’attaques, notamment sur les réseaux sociaux. Il revient sur la question devant les conseillers. Une revue de presse du quotidien Assabah.

Le 29/11/2024 à 20h33

À la fois bouleversé et déçu par l’ampleur des critiques, et même des attaques, dont il a été la cible, le ministère des Habous et des affaires islamiques a profité de son passage à la Chambre des conseillers, mercredi, pour revenir sur les propos qu’il a tenus, une semaine auparavant, devant les députés. C’est ce que rapporte le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 30 novembre et 1er décembre.

Ahmed Toufiq, évoquant son entretien avec le ministre français de l’Intérieur, a déclaré devant les élus qu’en réponse à une question du responsable français il avait affirmé que «nous, Marocains, sommes laïcs». Les propos du ministre ont suscité une levée de boucliers sur les réseaux sociaux, surtout dans les milieux islamistes et conservateurs.

Le ministre s’est dit «victime d’une injustice» de la part des personnes qui n’ont pas assimilé le sens de ses propos et qui n’ont pas pris la peine de revenir à ses dires et d’essayer d’en comprendre la teneur.

Revenant justement sur ses propos devant le ministre français, Taoufiq affirme lui avoir expliqué, lorsqu’il a évoqué le modèle de la laïcité tel qu’il est adopté par la France, que ce concept est fondamentalement lié à la philosophie politique et à l’Histoire, notamment l’histoire de la France. Ce concept, poursuit le ministre, «est basé sur quatre piliers: la liberté, la raison, les valeurs, la bonne conduite et le sens».

Et le «sens», explique le ministre repris par le quotidien, consiste à répondre à la question suivante: «pourquoi nous vivons», ou tout simplement le sens de la vie. C’est, poursuit-il, ce qui fait défaut dans le modèle français de la laïcité. «Vous avez fait une séparation entre l’État et la religion, de ce fait vous n’êtes plus capable d’apporter une réponse officielle à la question de la délivrance. Vous ne réagissez pas aux besoins des citoyens en termes de spiritualité», a-t-il expliqué au ministre français.

Or, poursuit le ministre, le Maroc adopte justement cette démarche que les Français s’approprient en exclusivité et qu’ils monopolisent, mais dans sa globalité. En effet, c’est ce qui est désigné au Maroc par la «baia», l’allégeance, comme forme de gouvernement. Elle vient de la «cession», dans le sens de la vente. C’est-à-dire que «les citoyens cèdent la légitimité au gouvernant. Lequel interagit avec eux en mettant œuvre des engagements qu’on peut d’ailleurs trouver dans toutes les constitutions des pays à travers le monde. C’est-à-dire la préservation de la religion, la garantie de la sécurité, la promotion de la raison ou ce que les musulmans appellent «l’ordre public», la préservation des biens (ce qui renvoient au développement) et de la dignité humaine».

En s’adressant au ministre français, poursuit le quotidien, Ahmed Toufiq a expliqué que «nous avons la même conception des questions des valeurs et de la liberté, dans le sens où nous estimons qu’il ne doit pas y avoir de contrainte dans la religion. Cela n’a aucun sens, puisque la religion est une question d’engagement entre chaque personne et Dieu. Et au Maroc, chacun pratique la religion comme il veut. Personne n’oblige quiconque à aller à la mosquée et à faire sa prière. Malgré cela, les Marocains sont attachés à leur religion, à la prière, au jeûne et aux autres préceptes de l’Islam».

D’après le ministre, nous avons également en commun avec les Français l’usage de la raison. Si la laïcité veut que seul l’usage de la raison soit suffisant et donc nul besoin de religion, «chez nous, quand les parlementaires viennent dans l’institution législative pour débattre des intérêts de la Nation, ils suivent la raison. Mais quand il s’agit d’une question de religion, c’est l’affaire de toute la Nation, dont la charge revient uniquement à celui qui en a la prérogative».

Par Amyne Asmlal
Le 29/11/2024 à 20h33