FIFA (dont il porte jusqu’au nom), analystes et observateurs de tous bords sont unanimes: la Coupe du monde 2022 est le meilleur évènement footballistique de l’histoire, sachant que la première édition remonte à 1930, déjà, soit depuis à peu près un siècle. Que ce soit par la qualité des infrastructures ou celle de l’accueil, ou encore de l’esprit de paix et de coexistence qu’il a insufflé, Qatar 2022 réussit un sans-faute jamais égalé auparavant. Nous y reviendrons, mais avant, ce qui interpelle, c’est cette véritable avalanche de critiques et autres indignations qui s’abattent sur le pays organisateur depuis bien avant le début de la compétition. Ceci, de la part de pays occidentaux généreusement appelés à sa préparation.
Il n’y a pas si longtemps, le Qatar était au centre de toutes les convoitises, et donc de grandes attentions. Les marchés liés aux infrastructures, des routes aux lignes de métro, en passant par les stades accueillant la compétition et les hôtels, étaient en jeu. Pendant leur attribution, réalisation et règlement, le Qatar ne gênait nullement, quand il n’était pas érigé en modèle de réformes politiques et de prouesses économiques à l’échelle de la région du Golfe.
Mais une fois la vache à lait épuisée, les projets réalisés et les chèques encaissés, c’est ce même Occident qui s’insurge contre l’attribution du Mondial au Qatar. Quoi de mieux comme armes pour faire le sale boulot que les médias et les ONG qui semblent subitement découvrir au pays mille et une tares, curieusement tues au moment de l’attribution des marchés.
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Au départ, ce sont les droits des travailleurs étrangers morts sur les chantiers relatifs à la Coupe du monde 2022 qui ont cristallisé toutes les critiques. Là-dessus, tout est parti d’estimations publiées par le quotidien britannique The Guardian, le 23 février 2021. On y apprenait que depuis l’obtention de l’organisation de la compétition en décembre 2010, au moins 6.500 travailleurs migrants venus d'Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh ou encore du Sri Lanka, sont décédés au Qatar. Manquant de sources et autres détails, ces chiffres ont suffi pour que le Qatar tout entier soit mis au bûcher et que ces «informations» soient validées sans vérification et relayées par tous les principaux médias occidentaux.
Ces mêmes relais omettent néanmoins de dire qu’entre 2010 et la tenue du mondial en 2022, 12 ans se sont écoulés, que des morts sur des chantiers, il y en a malheureusement partout, et que ce qu’ils appellent «chantiers», ce n’est rien d’autre que la (re)construction de tout un pays. Outre la construction de 7 stades, le Qatar a fait sortir de terre un nombre impressionnant d’infrastructures. Comptez notamment un nouvel aéroport, des routes, des transports publics, une nouvelle ville, des hôtels… Mais qu’à cela ne tienne, des pays qui ont construit toute leur prospérité présente sur des siècles d’esclavagisme et de colonialisme se complaisent dans leur rôle de donneurs de leçons. Ceci, alors que, dans un rapport publié en novembre dernier, l’Organisation mondiale du travail a souligné les efforts du Qatar en matière de travail des immigrés (possibilité de changer d’emploi, adoption d’un salaire minimum non discriminatoire, adoption d’une nouvelle législation quant à la sécurité et la santé au travail…). Des efforts restent à fournir, certes, mais le Qatar, Etat jeune et dynamique, est capable de belles surprises en la matière.
L’autre angle de tir adopté sur le Qatar est la question des droits de la communauté LGBTQ. Dans un pays qui revendique un fort attachement à la religion musulmane (qui proscrit l’homosexualité au même titre que le christianisme et le judaïsme), il ne fallait pas s’attendre à ce que les autorités déroulent le tapis rouge à des évènements organisés par cette communauté. Il en est d’ailleurs allé de même en Russie, mais peu ont jugé utile de dénoncer un tel état de fait. Dans les faits, justement, il n’a à aucun moment été interdit aux LGBTQ de profiter du Mondial qatari, mais il a été demandé de respecter les lois, us et coutumes du pays. Une demande légitime, reposant sur un interdit religieux dans un pays musulman.
Là où la valeur de l’information prend un sérieux coup, c’est quand ces mêmes médias, qui se plaignent in situ du trop grand nombre de mosquées dans un pays musulman et arabe, ne relèvent pas à quel point Qatar 2022 est une belle réussite. Des stades rarement égalés, tant par leur architecture que par les facilities qu’ils offrent, des moyens de transport dernier cri, au demeurant gratuits, une sécurité à toute épreuve et un personnel déployé partout pour être aux petits soins des visiteurs, venus des quatre coins de la planète. Le Qatar a porté haut toutes les valeurs arabes d’hospitalité et de bon accueil.
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Il y a aussi cette chose rare et belle qu’a permise le Mondial qatari, à savoir rassembler des personnes de plusieurs dizaines de nationalités dans un seul et même endroit. Le Qatar, pour précision, ne fait qu’un peu plus de la moitié du Grand Casablanca. Autant dire qu’il s’agit d’un seul et même espace qui accueille tout le monde. Les nationalités, les religions, les races et les choix individuels s’y effacent pour donner lieu à la fête, aux célébrations et taquineries dans de hauts lieux de l’événement comme Souq Waqif et Msheireb dans une atmosphère où on entend s’exprimer toutes les langues… et toutes les différences. Doha s’est transformé en Babel. Jamais auparavant dans aucun Mondial, on n'avait pu trouver un tel brassage de peuples et de nations dans un même endroit.
Les supporters argentins chantent et dansent avec les supporters serbes ou marocains. Dans les autres éditions du Mondial, les fans groupes en lice étaient séparés par des villes, très lointaines les unes des autres. On ne verra certainement plus un tel rassemblement de tous les fans dans un même endroit lors d’un Mondial.
L’esprit du football, c’est bien cela. Et les réactions franchement exagérées, comme celle de la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, qui s’est affichée avec le brassard «One Love» lors du match opposant son pays au Japon, le 23 novembre 2022, n’y changeront rien.