Maroc-Union africaine: 2016 marque le retour au pragmatisme

Le président rwandais, Paul Kagame, reçu par le roi Mohammed VI, le 21 juin dernier à Casablanca.

Le président rwandais, Paul Kagame, reçu par le roi Mohammed VI, le 21 juin dernier à Casablanca. . Le360 : Adil Gadrouz

Vendredi 23 septembre, le Maroc a officialisé sa demande de réintégrer l’Union africaine (UA). Un retour en force après trente-deux ans d’absence, motivé par des changements géostratégiques majeurs plaçant désormais le royaume au cœur des enjeux politiques et économiques en Afrique.

Le 26/12/2016 à 15h37

Pour juger de la pertinence de la décision du Maroc de réintégrer l’Union africaine, il n’est qu’à méditer un tant soi peu sur la manière avec laquelle cette décision a été «accueillie» par la partie adverse. Cette décision a en effet eu l’effet d’un séisme du côté d’Alger qui rue dans les brancards pour tenter de contrecarrer le retour du Maroc au sein de sa famille africaine.

A cela, il n’y a pas de secret. Alger a peur que ce retour n’implique l’expulsion de la «RASD» de la structure panafricaine, d’autant plus que la majorité des pays membres réalisent aujourd’hui l’ampleur de l’erreur historique commise par l’OUA (Organisation de l’Union Africaine, ancêtre de l’UA), quand elle avait admis en son sein, et contre toute logique, cette entité séparatiste en 1982.

«Ce fait accompli immoral, ce coup d’Etat contre la légalité internationale, ont amené le Royaume du Maroc à éviter la division de l’Afrique au prix d’une douloureuse décision, celle de quitter sa famille institutionnelle», avait expliqué le roi Mohammed VI dans sa lettre au 27e Sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union africaine, organisé en juillet 2016 à Kigali, en république rwandaise.

«Le temps est venu d’écarter les manipulations, le financement des séparatismes, de cesser d’entretenir, en Afrique, des conflits d’un autre âge, pour ne privilégier qu’un choix, celui du développement humain et durable, de la lutte contre la pauvreté et la malnutrition, de la promotion de la santé de nos peuples, de l’éducation de nos enfants et de l’élévation du niveau de vie de tous», avait affirmé le souverain dans cette lettre historique annonçant le retour du royaume au sein de l’UA.

«En effet, quelque trois décennies plus tard, jamais l’Afrique n’a été autant au cœur de la politique étrangère et de l’action internationale du Maroc. Il a ainsi développé un modèle unique, authentique et tangible de coopération Sud-Sud, qui a permis, non seulement, de consolider les domaines traditionnels de la formation et de l’assistance technique, mais également d’investir de nouveaux secteurs stratégiques comme la sécurité alimentaire et le développement des infrastructures», avait souligné le souverain.

Le bien-fondé de la décision du Maroc n’est donc pas à démontrer politiquement, redresser l’erreur monumentale de l’admission d’une entité qui n’est reconnue ni par l’ONU ni par aucune structure régionale ou sous-régionale-. Ce retour répond également à une autre exigence, celle de l’Afrique elle-même dont la majorité des pays manifestent expressément leur volonté de bénéficier de l’expérience atypique acquise par le Maroc sur le terrain du développement et du progrès.

En effet, le royaume est le deuxième investisseur en Afrique, après la république populaire de Chine. Il est de loin préféré aux investisseurs étrangers, des puissances mondiales desservies par leur passé colonial et par cette vision néo-coloniale qui ne voit en Afrique qu’un gisement d’affaires à exploiter. Le Maroc, lui, a développé une approche Sud-Sud basée sur le principe gagnant-gagnant, prenant en compte les besoins spécifiques de l’Afrique en terme de transferts de technologie, de savoir-faire et de coopération sur le terrain du développement humain. D’où cet enthousiasme africain pour le retour du royaume au sein de la structure continentale dont les intérêts peuvent être défendus dûment et pertinemment par le Maroc auprès des instances internationales.

Par Ziad Alami
Le 26/12/2016 à 15h37