Les signes tangibles de la fin de la brouille entre Madrid et Rabat se multiplient. Preuve du réchauffement dans les relations entre les deux pays: Karima Benyaich, l’ambassadrice du Maroc en Espagne, a regagné son poste à Madrid hier, dimanche 20 mars 2022. Une information qui a été donnée par l’agence de presse espagnole Europa press. Peu de temps après son arrivée à Madrid, Karima Benyaich a déclaré à l’agence de presse espagnole EFE que «c'est un plaisir de retourner travailler à Madrid et de renforcer les relations entre l'Espagne et le Maroc, comme nos pays respectifs l'ont déterminé». Pour la diplomate, en effet, «nous sommes des pays frères, et c'est un honneur de contribuer à approfondir nos relations».
Selon nos informations, Karima Benyaich a pris le vol RAM de 10h05, dimanche 20 mars, de Casablanca à Madrid. Le retour de l’ambassadrice du Maroc en Espagne intervient moins de deux jours après le message envoyé par le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, au roi Mohammed VI. Dans ce message, le chef de l’exécutif espagnol a affirmé que «l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend» du Sahara occidental.
Pour rappel, suite à sa convocation, le 18 mai 2021, par l’ancienne ministère espagnole des Affaires étrangères, Arancha González Laya, l’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, avait été rappelée à Rabat. Son retour en Espagne met aujourd'hui fin à une absence qui aura duré dix mois. Ce retour marque aussi le signe le plus tangible d’une normalisation dans les relations entre Madrid et Rabat.
Le temps des crisesLa crise entre Rabat et Madrid a été gérée avec pragmatisme pour asseoir une relation solide, transparente, dépourvue de zones d’ombres qui peuvent nuire à la relation de bon voisinage entre les deux pays. Dans son discours du 20 août 2021, prononcé à l’occasion du 68e anniversaire de la révolution du Roi et du Peuple, le Souverain avait affirmé que le Maroc «a changé parce qu’il n’accepte pas que ses intérêts supérieurs soient malmenés». Le Sahara occidental est en effet, on le sait, une question existentielle pour les Marocains. En écrivant dans sa lettre au Roi du Maroc qu'il «reconnaît l’importance de la question du Sahara» pour le Royaume, Pedro Sanchez a ainsi admis le caractère existentiel de ce sujet pour son voisin du sud.
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De nombreux commentateurs avaient attribué à l’admission de Benbattouche dans un hôpital à Logroño l’origine de la crise entre Madrid et Rabat. L’affaire Benbattouche n’en est, en fait, qu’un révélateur, le déclencheur d'une crise, mais les causes de celle-ci sont profondes, avant tout liées à la confiance réciproque et à la nature de la relation entre les deux pays, de même qu'au dossier crucial du Sahara.
Il faut savoir que le Maroc a eu à gérer, simultanément, deux crises profondes, l'une avec l’Allemagne, l'autre avec l’Espagne. Le dossier du Sahara est le soubassement de ces deux crises. Qu’est-ce qu’on n’a pas dit sur ces crises, assumées par le Royaume! Au final, une crise se gère en fonction d’un objectif qui évite aux deux pays de la revivre. L’objectif du Maroc est clair et lisible pour tous, et dès lors, l’on sait pertinemment où se situe une sortie de crise, et l’on sait aussi que le Royaume tiendra tous ses engagements, une fois que les raisons de cette crise auront été dépassées.
Le Maroc de Mohammed VI n’a pas peur des crises, même s’il cherche à les éviter. Il ne fait pas de doute que le retour de Karima Benyaich à Madrid tourne la page d’une profonde crise entre le Maroc et l’Espagne. Après cet épisode, il faudra aujourd'hui rattraper les mois perdus, et travailler pour renforcer la relation entre les deux pays, pour fructifier au mieux les échanges entre les peuples espagnol et marocain.