La co-organisation, avec les Etats-Unis, de la dernière réunion de la coalition internationale anti-Daech, la première en Afrique, à Marrakech, est l’occasion de revenir sur le chemin parcouru par le Maroc pour devenir aujourd’hui un acteur incontournable dans la lutte antiterroriste. Dix-neuf ans, presque jour pour jour, après les attentats de Casablanca, le Royaume devient ainsi le centre mondial de la lutte contre le terrorisme, recevant des délégations et responsables de plus de 80 pays et organisations internationales.
Comment le royaume a-t-il réussi un tel exploit? Dans son édition du vendredi 13 mai, l’hebdomadaire La Vie éco revient sur cette expérience unique au monde, qui a fait de notre pays une référence en la matière. A peine remises du choc des attentats du 16 mai 2003, les autorités publiques entament, sans plus attendre, de mettre à jour l’arsenal juridique et combler un vide que le code pénal, dans sa version d’alors, ne pouvait certainement pas combler. En réalité, le plan de riposte immédiatement mis en place après ces attentats allait bien au delà d’une simple réforme du code pénal.
Il s’agit d’une véritable stratégie déployée à plusieurs niveaux. Et c’est sans doute sur le volet sécuritaire que le Maroc s’est particulièrement illustré. Une batterie de mesures juridiques et institutionnelles importantes ont vu le jour, à commencer par la promulgation de la loi n° 03.03 de 2003 relative à la lutte contre le terrorisme et son financement. Plus tard, des amendements y ont été apportés, notamment la loi n° 86.14 sur la lutte contre le phénomène des combattants terroristes étrangers.
Le législateur ne s’est pas arrêté à ce niveau, poursuit l’hebdomadaire, le processus d’aggiornamento de l’arsenal juridique s’est poursuivi jusqu’à très récemment avec des mesures juridiques visant le resserrement du dispositif légal contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme et du crime organisé. Il va sans dire, souligne La Vie éco, qu’en parallèle avec cette évolution législative, plusieurs instances et mécanismes visant à assurer l’efficacité de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, ont été mis en place, et ce, dans le respect des droits et libertés, des garanties de procès équitables et de l’État de droit.
C’est pour ainsi dire, poursuit l’hebdomadaire, tout un écosystème juridique et pénal qui a été mis en place. Depuis les investigations jusqu’à la réinsertion des condamnés en passant par la phase du jugement. Le journal cite en ce sens la création de la Cour d’appel de Rabat qui se charge de l’examen des affaires liées au terrorisme et à son financement, en plus d’autres juridictions spécialisées, la création du BCIJ, en tant que mécanisme de renforcement des organes d’investigation et d’enquête à compétence nationale et plus tard, la création de brigades régionales de la police judiciaire et de l’Autorité nationale du renseignement financier (ANFR), ainsi que du Comité national chargé de l’exécution des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU en lien avec le terrorisme et la prolifération des armes et leur financement. Une démarche d’accompagnement et de protection des victimes d’actes terroristes a été également mise en place, au même titre qu’un processus de réhabilitation et de réinsertion des détenus extrémistes et terroristes.
Le Maroc a d’ailleurs adopté un programme pionnier reconnu au niveau international, appelé «Réconciliation» qui repose sur une approche multidimensionnelle. C’est ainsi que, précise l’hebdomadaire, le Maroc maîtrise désormais le «process» de bout en bout. Et c’est sans doute son point le plus fort. Il arrive à neutraliser les cellules terroristes avant de passer à l’acte non seulement sur son propre territoire, mais dans celui des pays amis et partenaires.
C’est une stratégie multidimensionnelle, tient à souligner l’hebdomadaire. Elle comporte également une dimension socioéconomique dont le lancement de l’INDH est le pilier, ainsi qu’une dimension religieuse. En termes de réforme du champ religieux, le Maroc est devenu une référence internationale, notamment dans le domaine de la formation des imams. Ses services, conclut l’hebdomadaire, sont régulièrement sollicités par des pays de différentes régions du monde.