La CGEM s’empresse de voir adopter le projet de loi organique relatif à la grève conformément au calendrier fixé dans l’accord du 30 avril. Les syndicats, eux, traînent le pied. Pour deux des trois centrales les plus représentatives, il y a plus urgent. En fin de compte, le texte ne sera pas prêt dans les délais. A savoir au plus tard le 31 janvier, date à laquelle le projet de loi devrait être déposé au Parlement.
«Ces délais ne seront assurément pas tenus», regrette un dirigeant de la CGEM cité par l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition actuellement en kiosque. Selon le magazine, il faut au moins trois mois de négociation pour faire le tour de la question et parvenir, éventuellement, à un accord sur la mouture qui sera déposée au Parlement. Et encore. Les partenaires sociaux n’ont toujours pas entamé les discussions. Selon les responsables de la CGEM, une réunion devait avoir lieu avant la fin de la semaine. Le département de Younes Sekkouri confirme le rendez-vous sans plus de détail.
Pour le patronat, il faut plus qu’un rendez-vous. Et certainement beaucoup de persuasion de la part du gouvernement. Car pour la CDT, le sujet n’est pas prioritaire. Ce qui l’est par contre, c’est de préserver l’emploi dans un contexte difficile et surtout revaloriser les salaires. L’UMT, de son côté, reproche au gouvernement de ne pas avoir fait assez d’efforts en termes de préservation du pouvoir d’achat des travailleurs et des citoyens en général, écrit l’hebdomadaire.
Face à cette réticence syndicale, la CGEM détient, elle aussi, son moyen de persuasion. Sans vraiment y aller franchement, le patronat conditionne l’application de la deuxième tranche de l’augmentation du SMIG, les 5% prévus au mois de juillet, à l’adoption de cette loi organique. «Il s’agit d’un package, un tout indissociable», note le responsable de la CGEM, tout en précisant que le chef du gouvernement n’a pas encore signé le décret d’application de la deuxième tranche de cette augmentation.
D’après le magazine, la loi organique ne devrait être adoptée qu’au cours de la prochaine session d’avril. L’actuelle s’achève dans moins d’un mois. Et c’est tout le calendrier prévu par l’accord du 30 avril 2021 qui est ainsi chamboulé. Le dossier de réforme des régimes de retraite traîne lui aussi et les négociations relatives à la réforme du code du travail et à la révision du cadre électoral des élections professionnelles vont certainement prendre du retard. Ne parlons pas de la loi organique relative aux organisations syndicales qui, elle aussi, fait partie de l’agenda des négociations sociales.