S’il y a une chose sur laquelle s’accordent les principaux quotidiens de la place, c’est que le limogeage du ministre de l’Economie et des finances, Mohamed Boussaid, n’est finalement qu’une conséquence de l’onde de choc d’un séisme politique qui a déjà coûté leurs places à plusieurs ministres, secrétaires d’Etat et hauts responsables en octobre dernier.
Dans leurs éditions du vendredi 3 août, Al Ahdath Al Maghribia et Al Massae, à l’instar d’autres publications de la place, en sont convaincues. D’autant plus que le désormais ex-argentier du royaume cumule certains déboires qui ne plaident certainement pas en sa faveur.
Le premier d'entre eux, cité par les deux publications, concerne la responsabilité du département des finances dans les dysfonctionnements constatés dans le programme «Al Hoceima, Manarate Al Moutawassite». Pour Al Massae, l’enquête menée à ce sujet a déjà démontré que le ministère, alors dirigé par Boussaid, a failli dans le transfert au Conseil de la région d’une enveloppe de 600 millions de dirhams qui devait financer une partie des chantiers programmés à Al Hoceima. Le retard pris dans ce cadre a incontestablement impacté leur concrétisation.
De même, une partie du foncier qui devait être mobilisé pour le programme et qui ne l’a pas été relevait de la tutelle de Mohamed Boussaid. Al Ahdath Al Maghribia confirme le même constat, pointant du doigt le retard pris par le ministère de l’Economie et des finances dans la libération des budgets nécessaires pour la réalisation de certains projets du programme en question.
Les deux publications ne se contentent cependant pas de cet argument pour justifier le limogeage de Mohamed Boussaid. Al Massae souligne qu’un bon nombre de chantiers à caractère social connaissent des dysfonctionnements dont la responsabilité incombe au département des Finances. Il a été relevé que le gouvernement peinait à concrétiser ces projets en raison du temps que prend l’obtention des visas nécessaires par ce ministère, sans parler du retard dans le paiement des prestations des entreprises partenaires de l’Etat dans ces chantiers, ce qui a parfois provoqué la suspension de leur réalisation.
Pour sa part, Al Ahdath Al Maghribia liste quatre autres dossiers qui auraient conduit au limogeage de Boussaid. Il s’agit d’abord de l’endettement du royaume qui, sous le mandat de l’ex-ministre, a atteint un niveau qui présente désormais des risques pour l’économie marocaine. Ce point a d’ailleurs été relevé par la Cour des comptes dans le récent rapport qui a été présenté au roi Mohammed VI par son président, Driss Jettou.
Il en est de même pour la situation des finances publiques. Bien qu’un effort remarquable ait été déployé pour le financement de différentes stratégies sectorielles, la Cour des comptes a relevé que leur impact sur l’emploi et sur le développement socio-économique restait limité.
Le dossier de la libéralisation du secteur des hydrocarbures, qui a provoqué un véritable tollé ces derniers mois, après qu’il ait été avéré que les pétroliers en ont profité pour augmenter leurs marges au détriment des consommateurs, est également cité dans la liste des «erreurs» dont la responsabilité incombe à Boussaid. Ce dernier est en effet accusé de ne pas avoir su gérer cette réforme.
Enfin, et comme il fallait s’y attendre, le scandale des «mdawikh», terme par lequel le ministre limogé avait désigné les consommateurs qui boycottent les produits de certaines entreprises, est remis sur la table par les deux quotidiens. Ces derniers estiment que le ministre a tout compte fait cumulé tant de déboires que son limogeage n’est finalement pas si surprenant.