Nous sommes en février 2006. Le Hamas, encouragé par Israël, est en guerre contre l’Autorité palestinienne. Il remporte les élections à Gaza. Mahmoud Darwich indique «qu’Israël porte une responsabilité majeure. Il a installé un climat de délégitimation de l’Autorité palestinienne qui a pavé la voie au Hamas. Ajoutée à sa politique, qui rend le quotidien palestinien invivable, l’incurie de l’Autorité a contribué à créer une ambiance délétère. (…) Des dirigeants du Hamas ont déclaré vouloir «remodeler la société sur une base islamique». Quand on défend une Palestine plurielle et laïque, on ne peut que craindre pour les droits des femmes, pour les jeunes et les libertés individuelles. Sans oublier la composante chrétienne».
Après avoir fait constater que «le monde arabe vit profondément dans le sentiment d’injustice», il démontre comment l’Amérique et Israël ont tout fait pour discréditer l’Autorité palestinienne, refusant toute solution et encore moins des négociations sérieuses, Mahmoud Darwich dit: «Aujourd’hui, sur le terrain de la Palestine mandataire, il y a deux réalités: l’une juive israélienne, l’autre arabe palestinienne. Aucune ne peut éradiquer l’autre. La seule solution est que les deux parties reconnaissent cette double réalité. Ensuite, que chacun écrive son histoire comme il l’entend! (…) Moi, ce qui m’intéresse c’est le présent. Or il se noie dans la tragédie».
Il a rappelé aussi que la seule sécurité d’Israël c’est que son voisin vive décemment et dans la dignité. Choses qui ont été bafouées par Israël qui n’existeront peut-être jamais.
Il parle aussi de la poésie, celle qui sauvera le monde: «La poésie ne peut exister sans l’illusion du changement possible. Elle humanise une histoire et un langage commun à tous les humains. Elle transgresse les frontières. Au fond, son véritable ennemi, c’est la haine».
Il termine l’entretien par ces mots: «Aujourd’hui, je suis absent, demain je serai présent. J’essaie d’élever l’espoir comme on élève un enfant. Pour être ce que je veux, et non ce que l’on veut que je sois».
Ces mots ont été dits il y a presque vingt ans. Beaucoup de choses ont changé. La Palestine est allée de drames en tragédies. Certes, aujourd’hui, alors que des dizaines de milliers d’enfants ont été assassinés froidement par l’armée israélienne, et d’autres sont morts de faim et de soif, le monde se réveille et accuse l’Amérique qui soutient ces crimes. La cause palestinienne est de nouveau au-devant de la scène internationale. L’occupation annoncée de Gaza, fait suite à une politique de destruction et de nettoyage ethnique.
«Ces condamnations de la politique du premier ministre d’extrême droite n’ont malheureusement aucun effet sur la réalité du terrain. Israël va occuper Gaza et annexer la Cisjordanie. Tel est le plan avoué de M. Netanyahu. »
— Tahar Ben Jelloun
Sourd aux réactions quasi unanimes dans le monde, Israël poursuit sa politique génocidaire sans penser aux conséquences inévitables qui s’abattront sur les juifs dans le monde.
L’ancien ambassadeur d’Israël en France, Elie Barnavi, a dit le dégoût et l’effroi (ce sont ses mots) que lui inspire cette guerre. Il dit avoir honte de son pays, qui est aujourd’hui divisé en deux, ce qui finira «par une guerre civile inévitable». Il rappelle les mots de l’ancien Premier ministre d’Israël entre 2006 et 2009, Ehud Olmert qui a déclaré être horrifié par «une guerre de dévastation, faite de massacres aveugles et cruels»; il dit aussi qu’Israël «commet des crimes de guerre».
David Grossman, grand écrivain israélien, qui a perdu un de ses fils de 20 ans dans la guerre contre le Liban (2006), s’exprime lui aussi dans Le Monde et dit «qu’il ressent une urgence intérieure de faire ce qui est juste». Il a déclaré dans le quotidien de Rome La Repubblica que «ce qui se passe dans la bande de Gaza est un génocide».
Ces condamnations de la politique du premier ministre d’extrême droite n’ont malheureusement aucun effet sur la réalité du terrain. Israël va occuper Gaza et annexer la Cisjordanie. Tel est le plan avoué de M. Netanyahu.
Mahmoud Darwich est né en 1941 à Al-Birwa, en Galilée, à 9 kilomètres à l’est de Saint-Jean-d’Acre en Palestine alors sous mandat britannique, faisant partie aujourd’hui du territoire israélien.
Le hasard a fait qu’il meurt le 9 août 2008 dans un hôpital à Houston, au Texas.
P.S. 1: qui n’a rien à voir avec ce qui précède:
Le site Actu Maroc a publié un article avec ce titre «l’écrivain Tahar Benjelloun n’est pas content».
La personne qui a rédigé ce papier a confondu un commentaire d’un MRE, Karim, suite à ma chronique «Très cher Maroc» avec ce que je raconte par ailleurs. Ce fut l’occasion pour certains de m’attaquer invoquant le fait que j’aurais quitté mon pays pour aller l’insulter dans la presse française. Diffamation, injures et bien plus. Un déchaînement de haine qui m’a surpris.
Besoin de rectifier:
Je suis chez moi au Maroc depuis plus de deux mois et je compte y rester un bon bout de temps. Je n’ai pas écrit une ligne dans la presse française.
J’ai envoyé une réponse au site qui ne l’a pas publiée. J’en parle ici parce que des amis m’ont alerté, me croyant parti en France dénigrer mon pays!!
Je ne connais pas ce site. Ce que je remarque, c’est qu’il ne vérifie pas ses informations. Le site est revenu hier à la charge, donnant aux lecteurs un espace pour leurs commentaires dont certains sont simplement inacceptables, haineux et misérables.
Vive la liberté d’expression, mais pas la diffamation.
P.S. 2: Je viens de recevoir un autre article paru dans le site Marrakech7 où il est mentionné que j’ai écrit un article dans un journal français pour critiquer la politique du tourisme au Maroc. C’est un FAUX. Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit au Maroc dans Le360. Je n’ai pas l’habitude de me réfugier à l’étranger pour critiquer mon pays. C’est une accusation qui ne repose sur rien. Je n’ai pas écrit une ligne dans la presse française depuis des mois.





