Le Sommet Mondial des Dirigeants Locaux et Régionaux, organisé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, du 1er au 4 octobre 2013 à Rabat, offrira l’opportunité de porter un regard nouveau sur les cités et les communautés citadines à travers le prisme de la diversité et de la pluralité culturelles. Les cités constituent de plus en plus des espaces de brassage de différentes cultures, langues, religions et traditions. L’évolution des sociétés modernes en général et des villes en particulier, au regard des migrations et de la mondialisation, soulève des questionnements complexes et nombreux au sujet de la relation entre la diversité culturelle, la cohésion sociale et les valeurs communes.
Cette diversité est certes un atout majeur pour les villes, mais elle peut également provoquer des tensions que les gouvernements locaux ne peuvent ignorer et auxquelles ils doivent faire face. Les différences culturelles liées à la migration ou à la présence de groupes minoritaires peuvent, à défaut d’une action réfléchie, miner le sentiment d’appartenance et d’identité de la ville et fragiliser ses capacités de réaction, d’adaptation au changement et de croissance, tout en menaçant son attractivité pour les investisseurs. Dans le pire des cas, les différences culturelles peuvent engendrer des conflits paralysants, voire des violences.
Ainsi, la valorisation de la diversité culturelle, dans le cadre du respect des règles de la démocratie, doit être un des axes de l’action des gouvernements locaux, qui devraient s’engager à soutenir le développement d’institutions locales plurielles et démocratiques capables de répondre efficacement aux besoins de la population, notamment à travers la promotion de l’égalité des droits et la pleine participation des minorités à la prise de décision.
Dans ce sens, les gouvernements locaux devraient veiller à l’égalité des chances en adaptant ses structures de gouvernance, ses institutions et ses services aux besoins de tous ses habitants, sans compromettre les principes des droits de l’homme, de la démocratie et de la prééminence du droit. La priorité devrait être de favoriser les rencontres et de mobiliser les citoyens sur des questions d’intérêt commun qui transcendent les clivages ethniques et sociaux, tout en créant les conditions d’une négociation juste et équitable.
En partenariat avec le secteur privé, la société civile et les autorités locales, les gouvernements locaux sont appelés à développer une série de politiques et d’actions visant à encourager le brassage et les échanges entre différents groupes. Un fort degré de confiance et de cohésion sociale contribue à contenir les conflits et la violence, à accroître l’efficacité des politiques et à rendre la ville attractive pour les particuliers comme pour les investisseurs. La gestion de la diversité doit devenir l’une des fonctions principales des gouvernements locaux, non seulement parce que l’exclusion et la xénophobie sont des violations inacceptables des droits fondamentaux et de la dignité humaine, mais aussi parce qu’il importe de tirer profit au mieux de l’ensemble des talents disponibles dans une économie de plus en plus concurrentielle.
En œuvrant à la construction de cités plurielles et en reconnaissant l’importance de l’adoption d’une approche interculturelle, les gouvernements locaux contribuent à souder la communauté, tout en permettant à toutes les cultures de se développer en leur reconnaissant le droit de contribuer au paysage culturel de la cité où elles se trouvent. In fine, il s’agit de construire des cités interculturelles et des villes conviviales où la diversité est considérée non comme un problème mais comme une richesse, et où sont reconnues toutes les cultures qui prospèrent lorsqu’elles se rencontrent et interagissent dans l’espace public, contribuant ainsi à la consolidation de la cohésion sociale.