Le peuplement de la vallée du Nil a étroitement dépendu des variations du niveau du fleuve et des évolutions climatiques régionales, la vallée s’étant peuplée ou au contraire vidée de ses habitants au gré des épisodes successifs de sécheresse ou d’humidité.
Une phase extrême de pluies équatoriales s’étendit de +-15000 à +-9000 av. J.-C., et durant laquelle le Nil ayant débordé de son lit, la vallée se vida de ses habitants. Puis, entre 7000 et 4000 av. J.-C., la vallée fut repeuplée, notamment par des populations berbères pratiquant l’élevage et chassées de la partie orientale du Sahara alors en phase de péjoration climatique. Enfin, entre +-3500 et +-1500 av. J.-C., l’accélération de la sécheresse dans le Sahara oriental provoqua une nouvelle migration des Berbères sahariens vers l’Égypte, mouvement bien documenté dans les sources égyptiennes.
L’Égypte s’est donc trouvée au centre de deux influences: l’une, Berbère, venue du Sahara à l’ouest, et l’autre du monde oriental. Ce fut d’ailleurs à Nagada, au point de rencontre des pistes sahariennes et de celles de la mer Rouge qu’apparût le Protodynastique, cette matrice culturelle d’où découle la civilisation égyptienne.
Certains des peuples berbères sahariens étaient en relation commerciale avec l’Égypte, lui fournissant du bétail et une essence aromatique qu’elles échangeaient contre du grain.
Parmi eux, cinq sont particulièrement cités dans les sources égyptiennes: les Lebou, les Meshwesh, les Téméhu, les Tjéhénou et les Tjéméhou. Les Égyptiens les ont représentés sur leurs peintures ou leurs sculptures avec une tresse sur la tempe et un manteau attaché sur l’épaule droite.
Toute l’histoire de l’Égypte dynastique est marquée par les rapports tantôt pacifiques et commerciaux, tantôt conflictuels avec ces Berbères sahariens.
C’est ainsi que, dès le 3ème millénaire, le pharaon Sahouré (+-2500 - 2490 av. J.-C.) mena ainsi de nombreuses expéditions contre les Berbères (Libyens). À partir de la seconde partie du règne de Pepy II (+-2270 - 2200 av. J.-C.), ces derniers lancèrent des raids le long de la vallée du Nil. Durant au moins cent cinquante ans, les frontières occidentales de l’Égypte furent menacées par des Berbères fuyant un Sahara de plus en plus sec.
Durant le Moyen Empire (+-2064 / +-1800 av. J.-C.), les attaques furent continuelles et Sésostris 1er (+-1964 / +-1919 av. J.-C.) dût mener plusieurs expéditions pour tenter d’y mettre un terme.
Durant tout le Nouvel Empire (+-1543 / +-1078 av. J.-C.), des Berbères sahariens tentèrent de s’infiltrer dans la vallée du Nil. La pression fut particulièrement forte durant les règnes de Séti 1er (+-1290 / +-1279 av. J.-C.) et de Ramsès II (+-1279 / +-1212 av. J.-C.). Ce dernier intégra des Berbères à son armée, ce qui aura des conséquences ultérieures importantes.
Sous Mérenptah (+-1212 / +-1202 av. J.-C.), successeur de Ramsès II, des Berbères prirent les oasis de Kharga et de Farafra, puis se dirigèrent vers la vallée du Nil, menaçant à la fois le Delta et la région de Memphis dans un mouvement de fond concerté et coordonné.
Sous le règne de Ramsès III (+-1185 / +-1153 av. J.-C.), les Lebou, commandés par Meghiev, et les Meshwesh, sous le commandement de Mesher, reprirent leur mouvement en direction du Nil. Durant les règnes de Ramsès IX (+-1126 / +-1108 av. J.-C.) et de Ramsès XI (+-1105 / +-1078 av. J.-C.) les Berbères menacèrent constamment la vallée du Nil, au point de réussir à s’y établir en certaines zones.
Nous verrons dans une prochaine chronique que, quelques siècles plus tard, de +-950 à +-715 av. J.-C., trois dynasties berbères régnèrent sur l’Égypte. Plus exactement sur la Basse Égypte. Il s’agit de la 22ème dynastie (+- 950 / +- 730 av. J.-C.), de la 23° dynastie (+-730 / +-720 av. J.-C.) et de la 24ème dynastie (+-730-720 / +- 715 av. J.-C.).