Le terrorisme a «d’autres dérivés comme le séparatisme», affirme un haut responsable de l’OTAN

Le Secrétaire général adjoint délégué de l’OTAN pour les affaires politiques et la politique de sécurité, Javier Colomina Piriz, en visite de travail au Maroc, les 24 et 25 octobre 2022. . Brahim Mousaaid / Le360 (capture image vidéo)

Le 25/10/2022 à 09h43

VidéoLe Secrétaire général adjoint délégué de l’OTAN pour les affaires politiques et la politique de sécurité, Javier Colomina Piriz a effectué, les 24 et 25 octobre 2022, une visite de travail au Maroc au cours de laquelle la lutte contre le terrorisme, notamment au Sahel, a été au centre des entretiens. Interview.

Dans un entretien avec Le360, le Secrétaire général adjoint délégué de l’OTAN, Javier Colomina, a estimé que «le terrorisme a d’autres dérivés comme le séparatisme», faisant ainsi référence aux groupes séparatistes qui portent atteinte à l’intégrité territoriale des Etats. Javier Colomina Piriz a, par ailleurs, salué le professionnalisme des Forces armées royales marocaines (FAR).

Quel est l’objectif de votre visite au Maroc?L’objectif est triple. En premier lieu, je rappelle que le Maroc est un partenaire très important pour l’OTAN depuis 1994. Le Royaume est également membre du dialogue méditerranéen, au sein duquel il est très actif. Nous sommes liés par une coopération pratique du point de vue militaire, et celle-ci est très satisfaisante.

Il existe aussi un dialogue politique instauré depuis presque 30 années, mais cela fait déjà presque quatre ans que nous n’avons pas eu une visite de haut niveau à Rabat. Je pense que c’était le bon moment pour relancer le dialogue politique, qui soit au plus niveau et de façon plus régulière. Donc, j’ai parlé de cela avec les autorités marocaines avec lesquelles nous partageons une convergence de vues.

Nous allons essayer de lancer ce dialogue politique de haut niveau de façon régulière. Le Maroc est évidement un acteur incontournable lorsqu’on parle des enjeux régionaux qui nous préoccupent, comme le Sahel. Il y a aussi d’autres questions transnationales, comme la lutte contre le terrorisme. J’ai félicité les autorités marocaines pour leur stratégie de lutte contre le terrorisme, une menace pour nous tous, une menace pour l’OTAN aussi.

En troisième lieu, j’ai parlé des conséquences, à tous les niveaux, de la guerre de la Russie en Ukraine, qui a commencé en février 2022 et de la nécessité de maintenir le soutien à l’Ukraine et les efforts que déploie la communauté internationale pour soutenir ce pays dans sa lutte contre l’invasion russe. 

Quelles sont les interlocuteurs que vous avez rencontrés?J’ai eu des réunions au ministère des Affaires étrangères, notamment avec la commission interministérielle Maroc-OTAN qui englobe des représentants du ministère de la Défense, du ministère de l’Intérieur et du ministère des Affaires étrangères.

J’ai également eu des entretiens de haut niveau avec l’Académie diplomatique et, mardi 25 octobre, j’aurai des entretiens avec les ambassadeurs des pays alliés pour les informer des résultats de la visite.

Quel est votre opinion, en tant que représentant de l’OTAN, de la stabilité politique au Maroc?Nous sommes très satisfaits à ce sujet. Le Maroc a pris des décisions responsables (dans la lutte contre le terrorisme, Ndlr), c’est un acteur très important. L’OTAN a travaillé avec le Maroc au niveau de la coopération pratique et militaire.

Les Forces armées marocaines sont des forces armées que nous jugeons très professionnelles. Nous avons a beaucoup travaillé pendant les dernières années sur le niveau d’interopérabilité de ces forces armées.

Cette relation a bénéficié à cette armée et à son niveau de professionnalisme, comme cela a bénéficié à l’OTAN puisque nous pouvons toujours compter avec les partenaires qui ont un niveau redoutable d’interopérabilité pour participer à nos propres opérations, comme c’est le cas du Maroc.

Pouvez-vous nous livrer la position de l’OTAN à propos de la politique africaine du Maroc? Ce thème a été évoqué car les autorités [du Royaume, Ndlr] m’ont informé de cette politique que l’on juge remarquable. C’est un effort d’interlocution avec tous les pays d’Afrique, d’égal à égal, en essayant de les aider pour essayer de résoudre les problèmes d’instabilité et d’insécurité. On a surtout parlé du Sahel, une région qui nous préoccupe, et qui préoccupe l’OTAN depuis 2020. C’est surtout du Sahel qu’on a discuté avec les autorités marocaines. On a des visions très alignées sur les efforts qu’il faut faire avec les pays du Sahel.

Comment l’OTAN et le Maroc peuvent-ils coopérer dans la lutte contre le terrorisme et contre les trafics en tous genres?Il faut travailler à plusieurs niveaux. Il faut travailler sur la coopération pratique et militaire qui est déjà dense. Nous estimons que les forces armées marocaines, qui sont déjà professionnelles, acquièrent des capacités (encore plus fortes) dans la lutte contre le terrorisme, dans le contrôle des frontières et dans la lutte contre les trafics illicites.

Par conséquent, nous essayons de faire un effort afin que cela bénéficie à nous tous. Ces trafics sont des défis communs, sur lesquels il faut partager les points de vue et les leçons apprises pendant ces dernières années.

Que pensez-vous de l’équation qui veut que le terrorisme égale le séparatisme?Le terrorisme est un problème que l’on voit pratiquement tous les jours. C’est un problème qui a été présent dans la vie de l’Europe, dans la vie de l’Afrique, dans la vie du Moyen-Orient pendant des décennies. Moi-même, je viens d’Espagne, pays qui a connu des problèmes terroristes il y a quarante, cinquante ans. C’est donc un défi majeur, une menace sur laquelle il faut, vraiment, conjointement travailler (car) le terrorisme a d’autres dérivés comme le séparatisme que vous avez mentionné. C’est un défi majeur, sur lequel il faut travailler, pour mettre fin à cette menace.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Brahim Moussaaid
Le 25/10/2022 à 09h43