Le palmarès en toc de Zakaria Moumni

Quand on sait la nature vénale de ceux qui se livrent à des combats en cage, on ne sera pas du tout surpris de la somme de 4.9 millions euros dont Moumni veut racketter le Maroc.

Quand on sait la nature vénale de ceux qui se livrent à des combats en cage, on ne sera pas du tout surpris de la somme de 4.9 millions euros dont Moumni veut racketter le Maroc. . DR

Un bloggeur du site de L’Obs révèle toute la vérité sur les prétendus exploits sportifs de Zakaria Moumni, l’homme qui s’acharne à faire chanter le Maroc et ses hauts responsables. Reader digest.

Le 24/12/2014 à 17h50

Zakaria Moumni fanfaronne, à qui veut bien l’entendre, qu’il est devenu en 1999 «le seul marocain et le seul africain et arabe à remporter le titre de champion du monde senior de light contact et le premier marocain à avoir gagné un titre sous le règne de Mohammed VI». En réalité, ce mythomane notoire - qui s’est inventé une histoire à dormir debout mêlant menaces, torture et noms de hautes personnalités- ne fait que bluffer son petit monde. Une enquête signée de la plume aiguisée du bloggeur Ibn Lamlif sur le site de L’Obs, vient révéler presque tout sur la carrière sportive du champion du racket.

«Lorsque Zakaria Moumni (68 kg) remporte à Malte, la médaille d’or du «World Championships WKA de Light Contact» (catégorie «super welterweight», 66.9-69,5 kg), en octobre 1999, le russe Alexandr Maslov (69 kg) décroche dans la même catégorie en novembre de la même année, dans la ville italienne de Caorle, le titre de champion du monde WAKO de light contact. Alors lequel des deux est le champion du monde, Moumni ou Maslov, ou encore les vainqueurs des autres «championnats internationaux» de light-contact organisés par les 33 autres «fédérations mondiales» concurrentes?», s’interroge l’auteur. Son enquête révèle la situation cafouilleuse de cette discipline: il y a actuellement tellement de fédérations internationales de kick boxing revendiquant une représentativité mondiale, que les titres de champions du monde n’ont plus aucune valeur.

La sulfureuse réputation de la WKA

Pire encore, la WKA qui a récompensé Zakaria Moumni par une simple et orpheline médaille d’or (en non pas une ceinture noire comme il est d’usage), semble être la moins crédible de toutes. Il s’agit d’une entreprise privée, créée en 1976, spécialisée dans la vente des articles de sport de karaté et non d'une corporation sportive. Elle a été rachetée, à la fin de 1993, pour 10.000 dollars par un certain Paul Ingram (ex-Président Exécutif qui a signé le certificat de participation à Malte de Moumni). Paul Ingram est connu dans les milieux spécialisés du Muaythai comme un margoulin. Il traîne la réputation d’un «affairiste sans scrupules ni éthique, qui n’hésitait pas à retirer les titres aux vainqueurs auxquels il exige de promouvoir à leur charge leurs futurs combats et de payer les frais à la WKA».

Par ailleurs, l’enquête d’Ibn Lamlif nous apprend qu’en cette même année 1999, pas moins de sept athlètes marocains - accrédités par la très officielle «fédération royale marocaine de full, light semi contact, kick boxing, K1, Muay Thai Forms, savate et sports assimilés» (FRMFKT)- ont hissé très haut le drapeau marocain en raflant plusieurs médailles dans le cadre des championnats du monde WAKO de kick boxing qui se sont déroulés en Italie. Pourtant, ces derniers n’ont pas pour autant fait le pied de grue dans les artères de Rabat et Paris pour guetter le Roi, afin de solliciter des agréments de transport. Ils n’ont pas poussé l’indécence jusqu’à perturber les séjours du Souverain en France, en allant manifester devant sa résidence privée à Betz, avec un haut parleur ou encore à quémander un poste de conseiller technique au ministère marocain de la jeunesse et des sports, en invoquant un décret royal qui stipule sans aucune ambiguïté dans sa formulation ‘la possibilité d’accorder cette gratification selon un régime de critères précis’», écrit l’auteur.

Un sportif bon pour être mis en cageMis à part la quincaillerie de la WKA, la seule ceinture qu’exhibe Zakaria Moumni, sur son album Facebook, est une ceinture blanche frappée du sigle « World Championship UF », remportée en 2008, à Prague, dans un championnat international pro de Ultimate Fighting. Cette discipline est interdite dans plusieurs pays en raison de sa nature ultra violente et de sa très mauvaise réputation de « bagarres de rue, bestiales, brutales et répugnantes» qui se déroulent dans une cage grillagée. Cet exploit sportif, Zakaria Moumni s’est toujours abstenu de l’évoquer, afin de cautionner sa demande auprès du ministère de la jeunesse et des sports marocain pour l’obtention d’un poste rémunéré de conseiller technique et ce, dans le souci de ne pas s’accoler l’image du voyou de quartier mal famé, qui n’a absolument rien à voir avec l’univers du sport. Quand on sait la nature vénale de ceux qui se livrent à des combats en cage, on ne sera pas du tout surpris de la somme de 4.9 millions d'euros dont Moumni veut racketter le Maroc.

L’enquête révèle par ailleurs l’absence quasi-totale de Zakaria Moumni ses dernières années des rings: «hormis un petit combat à Bruxelles qui s’est déroulé le 27.04.2013 dans une salle quasi vide et une information lapidaire faisant état que «Zak» a perdu deux mois auparavant, le 15.02.2013, dans un combat gagné aux points par Mehdi Delmi dans la catégorie des 75kg », peut-on lire dans l’article. Zakaria Moumni est donc loin d’être le champion sportif qu’il a toujours prétendu être. Et s’il ne vit pas de son sport, il faut croire qu’il subsiste grâce aux «dons» de ses manipulateurs qui le poussent à déposer des plaintes infondées pour ternir la réputation de hauts responsables marocains ou encore à écumer les conférences et manifestations publiques ou interviennent des représentants officiels du Maroc, pour les harceler avec ses simulacres. La confirmation viendra sans doute avec une prochaine enquête…

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 24/12/2014 à 17h50