«Les relations bilatérales hispano-marocaines traversent le meilleur moment de leur histoire. La rencontre tenue le 7 avril 2022 entre le Roi du Maroc Mohamed VI et le président [du gouvernement] Pedro Sánchez a ouvert une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays», écrit l’ancien ministre espagnol de la Défense dans une tribune publiée sur le média numérique El Español, que reprend Al Ahdath Al Maghribia de ce jeudi 22 février 2024.
«Depuis, le ministre marocain Bourita et l’Espagnol Albares travaillent discrètement et efficacement au renforcement de leurs relations mutuelles», a aussi écrit l’ancien haut responsable ibérique.
«Nous avons connu des affrontements par le passé, dont une relation coloniale complexe. Rappelons, par exemple, la participation des soldats marocains au soulèvement de Franco ou encore le fait que les deux lions du Congrès des députés sont réalisés en bronze coulé provenant de canons marocains qui avaient été pillés en 1860», a-t-il poursuivi.
Jose Bono rappelle aussi les désaccords qui ont pu surgir ces derniers temps, dont ceux provoqués par Jose Maria Aznar, qui avait fait monter les tensions entre les deux nations avec, entre autres, l’incident de l’îlot de Perejil.
Mais tout cela derrière nous, a affirmé l’ancien ministre de la Défense, selon lequel «pourtant, la géographie nous unit: le Maroc et l’Espagne sont voisins depuis des millénaires. Rechercher la compréhension est intelligent et provoquer des conflits est maladroit. Les temps des clubs, des châteaux et des menaces ont heureusement laissé place à un climat d’amitié», a-t-il expliqué.
Pour Jose Bono, les deux pays apprennent à être «des amis fidèles»: «nos deux pays ont besoin l’un de l’autre, car le Maroc dépend autant de l’Espagne que l’Espagne dépend du Maroc. La réalité actuelle nous lie: en Espagne, il y a près de 800.000 Marocains, qui forment la première communauté étrangère dans notre pays; l’Espagne est le second partenaire commercial du Maroc, après la France; les échanges commerciaux dépassent déjà les 20 milliards d’euros; 600 entreprises espagnoles à participation majoritaire et 3.500 entreprises à participation non majoritaire sont implantées au Maroc; 12 500 entreprises espagnoles exportent régulièrement au Maroc», a énuméré l’ancien responsable gouvernemental.
Dans sa tribune, Jose Bono a aussi rappelé de quelle manière le Maroc déployait de grands efforts pour tenir ses engagements envers l’Europe et l’Espagne, en participant efficacement dans la lutte contre le terrorisme et en assurant un contrôle décisif aux frontières et en contrant les tentatives d’immigration irrégulière.
«Déjà, sous le gouvernement de Luis Rodriguez Zapatero, des progrès indéniables avaient été réalisés dans la bonne direction. La volonté d’entente avec le Maroc a été la règle imposée depuis la Moncloa: le 15 juillet 2004, le roi Mohamed VI a accepté la proposition de l’Espagne d’établir une mission militaire de paix conjointe entre les deux pays, pour agir en Haïti. C’était la première fois dans l’histoire que des soldats marocains et espagnols participaient à une mission conjointe des Nations Unies», se souvient-il.
«Ensuite, ce qui ne devrait pas arriver s’est produit, c’est-à-dire qu’entre pays voisins et amis, le plus important est de veiller à la loyauté mutuelle, lorsque cette valeur est perdue, tout ce qui est construit s’effondre. Il faut reconnaître que nous avons amené l’ennemi numéro un du Maroc en Espagne [le chef du Polisario, Ndlr]. Le pays voisin a considéré qu’il s’agissait là d’un acte inamical et toute la confiance [construite] a été perdue», a aussi avoué l’ancien ministre espagnol.
Cet épisode a été clôt le 7 avril 2022, lors de l’audience accordée à Rabat par le Roi Mohammed VI au président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez, qui a marqué un tournant décisif dans les relations entre l’Espagne et le Maroc.
«Le reconnaître est un acte de justice. Depuis lors, on constate que les relations bilatérales traversent le meilleur moment historique», a estimé Jose Bono.
«Franchement, je crois que parmi les 22 pays qui composent la Ligue arabe et les 55 de l’Union africaine, nous avons eu le meilleur voisin possible», a écrit l’ancien ministre espagnol de la Défense, qui a aussi ajouté qu’«il ne s’agit pas d’idéaliser la réalité marocaine, ni de compenser par la flatterie des appréhensions et des complexes hérités, mais il faut savoir où l’on va et le dire clairement. Il n’existe pas de pays modèles à 100%, mais l’Espagne et la communauté internationale ont, avec le Maroc, un pays stable, avec des gouvernements qui sortent des urnes, [c’est] le pays le plus progressiste et le plus moderne du monde arabe».
Jose Bono est revenu sur la décision du gouvernement de Pedro Sánchez de soutenir le plan d’autonomie pour le Sahara, la qualifiant de «décision juste et courageuse», «car les Sahraouis en ont assez de la situation de stagnation dans laquelle ils vivent et méritent des solutions à leurs souffrances».
Pour l’ancien responsable gouvernemental espagnol, «les Sahraouis ont plus besoin de solutions que de résolutions. Un État supplémentaire dans la zone ne semble ni possible ni viable. Répéter quotidiennement qu’un référendum d’autodétermination doit être organisé, alors qu’un recensement des réfugiés à Tindouf n’est même pas autorisé, est une chose qui diminue le crédit de ceux qui agissent de cette manière», a-t-il conclu.