Lundi 3 octobre 2022, devant une salle archi-comble, durant une heure et demie, l’historien Bernard Lugan a réussi à tenir en haleine un public attentif et passionné.
Africaniste de renom, Bernard Lugan propose une nouvelle lecture des tensions provoquées ces dernières années par l’Algérie (rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, arrêt du Gazoduc Maghreb-Europe, fermeture de l’espace aérien…), invitant à revisiter à chaque fois l’histoire pour comprendre la source de l’hostilité maladive du régime algérien envers le Royaume du Maroc.
«Nous sommes en présence d’un Etat plus que millénaire, le Maroc, avec une profondeur historique, face auquel nous avons une jeune nation, l’Algérie», constate Bernard Lugan. Plus qu’une affaire de géopolitique, il pointe une question «mentale» chez les dirigeants algériens «vis-à-vis de cette immense construction historique à l’Ouest».
Cette attitude complexée, le conférencier l’attribue à un ensemble de facteurs historiques, mais aussi à un aspect purement géographique, en lien avec la puissance maritime marocaine. «Pour certains Algériens, c’est insupportable de voir le Maroc, en plus de son passé historique, disposer d’une large surface maritime qui s’étend de Tanger jusqu’à la Mauritanie», explique-t-il.
Lire aussi : Cycle de conférence «Le Grand Témoin», par Le360: l’Algérie, le Sahel et l’avenir de l’Afrique vus par Bernard Lugan
Pour l’intérêt de toute l’Afrique du Nord, de l’Europe et de la région euro-méditerranéenne, la question algéro-marocaine doit être réglée une fois pour toute, insiste Bernard Lugan. «Il faut chercher à savoir ce qu'il se passe dans la tête des Algériens. Ça ne sera réglé que par les Algériens et par l’arrivée d’une nouvelle génération», explique-t-il.
Evoquant la région du Sahel, l’éditeur de la revue en ligne «L’Afrique réelle», estime que l’Algérie n’y a traditionnellement pas d’influence, contrairement au Maroc.
«A Tombouctou, jusqu’aux années 1820-1830, la prière du vendredi était dite au nom du roi du Maroc… L’ouest africain a été islamisé à travers le Maroc», affirme ainsi Bernard Lugan, qui met en avant le rôle pacificateur du Maroc en formant des imams maliens, sénégalais, guinéens, etc.
Bernard Lugan a tenu également à saluer les performances de la politique africaine du Maroc, sous la conduite du roi Mohammed VI, se matérialisant par des dizaines de déplacements effectués par le Souverain en Afrique, et le retour du Royaume à l’Union africaine. «Cela a permis à la fois de développer des relations avec les pays africains et de diminuer le nombre de reconnaissances de la RASD. Seule une grande diplomatie peut réussir cela», témoigne Bernard Lugan.