Quelque 44 avocats mauritaniens, avec à leur tête le bâtonnier de l’Ordre national des avocats de Mauritanie, Maître Brahim ould Ebety, assistent actuellement à un séminaire de formation-sensibilisation à Dakhla. Organisée depuis le 19 mai dernier, et ayant cours jusqu'au 27 mai prochain, sous le thème générique des stratégies de prévention et de lutte contre l’exploitation des enfants dans les zones de conflit, cette rencontre a lieu dans le Centre international de recherches sur la prévention de ce fléau, récemment inauguré dans la capitale de la région de Dakhla-Oued Eddahab.
Dans la soirée d'hier, mercredi 25 mai dernier, une prétendue union d'avocats relevant du Polisario a envoyé un communiqué à des médias mauritaniens, dans lequel elle qualifie ni plus ni moins de «violation du droit international» la visite qu’effectuent actuellement les hommes du barreau mauritanien à Dakhla, et qui, se lamente le communiqué du Polisario, «sont entrés au Sahara par le passage d’El Guerguerat en brandissant des drapeaux marocains».
Pour sa part, l’un des porte-voix du régime algérien, le site lapatrienews, a activé la plume d'un poète mauritanien, qu’il a présenté comme étant un chercheur, alors qu’il ne s’agit que d’un thuriféraire professionnel, bien connu pour déclamer (ou se faire dire) des propos, en contrepartie d’un chèque.
C'est donc contre monnaie sonnante et trébuchante, que le régime algérien, représenté par son ambassade à Nouakchott, lui a fait cette fois-ci clamer qu’«il n’[était] pas nouveau que le rôle malveillant joué par la cinquième colonne marocaine dans les profondeurs de notre pays [la Mauritanie, Ndlr], un rôle qui est basé sur le dévouement à servir le Makhzen marocain expansionniste au détriment de la souveraineté, de la sécurité et de la stabilité de notre pays». Les éléments de langage de l’appareil militaro-politique algérien, sont ici aisément reconnaissables, bien qu'ayant été placés dans la plume d’un troubadour mauritanien.
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Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce prétendu «chercheur» vivait jusqu’à la fin de l'année 2017, aux Emirats arabes unis, pays à partir duquel il composait des poèmes et diffusait des audios sur les réseaux sociaux, dans le but de vilipender le régime de Mohamed Ould Abdelaziz, l’ancien président mauritanien (2009-2019).
L'ex-président le fit extrader vers Nouakchott pour l’embastiller illico. Mais pas pour longtemps. Car aussitôt enfermé dans la cellule d’une prison secrète de la capitale mauritanienne, il pondit un poème si dithyrambique sur «Abou Badr» (en référence à Ould Abdelaziz, dont l’un des fils s’appelle Badr), qu’il fut rapidement libéré, avec mis à sa disposition, dès la sortie de son cachot, la clé d'une voiture, en plus d'un joli chèque.
C’est donc par l'entremise de ce faux chercheur mauritanien, mais vrai trouvère, au service du plus offrant, que ce média algérien en est arrivé à dire que le bâtonnier de l’ordre des avocats mauritaniens, en se rendant à Dakhla à la tête d’une importante délégation, a ainsi exercé «des pouvoirs politiques qui ne relèvent pas de ses compétences, mais bien de celles du président Mohamed Ould Cheikh El-Ghazwani».
Pour faire à son tour toute une marmelade de cette affaire, le Polisario est lui aussi allé demander à son allié, l’ex-parti communiste mauritanien, l’Union des forces du progrès, une condamnation de cette visite, via un communiqué. Les ex-communistes de Mauritanie en ont effectivement diffusé un, le lundi 23 mai dernier. Dans ce texte, l’UFP a considéré que les avocats mauritaniens avaient commis une «erreur» en violant la «neutralité» de leur pays vis-à-vis du conflit du Sahara. Une «neutralité» que l’UFP n’a pourtant jamais respectée, lui qui a toujours répondu présent, avec de grosses délégations, aux parodies théâtrales organisées sporadiquement par le Polisario à Tifariti. Mais la sortie médiatique de cet ex-parti, défenseur de l'idéologie maoïste, a servi au journal propagandiste Echoroukonline pour laisser croire au fait que les Mauritaniens étaient en «colère» à l'encontre de leurs avocats actuellement en visite à Dakhla.
Parallèlement, la participation d’une députée mauritanienne à la rencontre de l’Initiative maghrébine de soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc pour résoudre le conflit du Sahara, organisée le week-end dernier à Laâyoune, a laissé le Polisario littéralement sans voix. La députée Zeinebou mint Taki, qui a toujours appelé le président mauritanien à se départir de la neutralité, au profit d’un soutien franc au plan marocain d’autonomie au Sahara, a fermement condamné les vélléités de séparatisme, devant les participants à la rencontre de Laâyoune.