Le dossier de la réforme des systèmes de retraite refait surface, alors que le gouvernement annonce le lancement imminent d’une nouvelle ronde de négociations, avec les centrales syndicales. Ce sujet, l’un des plus sensibles du moment, cristallise les divergences entre l’Exécutif et les syndicats, ces derniers rejetant en bloc les trois axes principaux proposés par le gouvernement, indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, dans son édition de ce mercredi 10 septembre.
Selon le porte-parole du gouvernement, ce nouveau round de dialogue social devrait s’ouvrir à la mi-septembre. Le ministère de l’Économie et des Finances a déjà pris contact avec les centrales syndicales les plus représentatives et leur a adressé des invitations officielles, incluant l’agenda des discussions. Au cœur des négociations, figurera l’état actuel des finances des caisses de retraites, ainsi que l’ampleur du déficit qui menace leur pérennité.
Les scénarios proposés pour réformer ces systèmes seront également examinés, lit-on. Cette initiative intervient alors que le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a récemment qualifié la situation de «critique», soulignant la nécessité d’une réforme profonde pour assurer la durabilité et l’équité des retraites, tout en renforçant leur capacité à résister aux fluctuations économiques et aux transformations sociales. Il a insisté sur la préservation des droits acquis et la protection des intérêts des générations futures.
Président du CESE, Abdelkader Amara a mis en lumière les pressions croissantes exercées par les transformations démographiques, notamment le vieillissement de la population, la baisse du taux de natalité à moins de deux enfants par femme et l’allongement de l’espérance de vie, estimée à 77 ans en 2024. Il a plaidé pour l’unification des régimes de retraite au sein d’un cadre national global, basé sur un régime de base obligatoire, soutenu par deux piliers complémentaires: un régime complémentaire obligatoire pour les hauts revenus et un régime individuel facultatif.
Du côté syndical, les propositions du gouvernement (relever l’âge de départ à la retraite, réduire les pensions et augmenter les cotisations) rencontrent une opposition totale. Le secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Mkhariq, avait déjà exprimé, en juin dernier, le refus catégorique de son organisation face à ces mesures. Il a confirmé que l’UMT se présenterait aux négociations avec des propositions alternatives, plaçant les intérêts des salariés et des retraités au-dessus de tout, rejetant fermement les axes proposés par le gouvernement, écrit Al Ahdath Al Maghribia.
Les centrales syndicales dénoncent ce qu’elles considèrent comme une solution socialement injuste, où le salarié supporterait seul le coût de la réforme. Elles réclament une répartition plus équitable de l’effort entre l’État, les employeurs et les travailleurs. Parmi leurs propositions figurent notamment l’intégration de près de 3,5 millions de travailleurs du secteur informel dans le système de protection sociale, ce qui pourrait générer des recettes supplémentaires pour les caisses de retraite de plus de 10 milliards de dirhams par an.
Par ailleurs, près de 8 millions de Marocains restent en dehors de l’assurance maladie, soit faute d’inscription, soit en raison de la fermeture de leurs droits, alors que le coût des soins reste élevé et que certains régimes, notamment pour les travailleurs non salariés ou certaines catégories du secteur public, présentent un déséquilibre financier persistant.








