Dès le début des années 70, le défunt Roi Hassan II a entamé des négociations difficiles avec le régime du général Franco, pour trouver une solution à la question du Sahara marocain.
Mais le général lui répondait soit en s’opposant catégoriquement à sa restitution, soit en invoquant l’indépendance de cette partie du Maroc, rapporte Al Ahdath Al Maghribia du lundi 6 novembre.
L’intransigeance espagnole a changé progressivement, avec l’avancée en âge du général Franco, et l’occupation du régime espagnol a anticipé la période qui suit sa disparition.
Dans l’une de ses rencontres, le 15 octobre 1974, avec le secrétaire d’État américain, Henri Kissinger, le Roi Hassan II lui a fait savoir que «l’existence d’un État dans le Sahara équivaut à l’acceptation par les États-Unis de la présence des missiles soviétiques à Cuba…».
Et le Souverain de poursuivre avec force: «si l’Espagne annonce dans la matinée l’indépendance du Sahara, je donnerai l’ordre à l’armée de s’y introduire à 11 heures».
Et pour bien montrer sa farouche opposition à toute idée n’incluant pas le Sahara dans son environnement marocain, le défunt Souverain a dit à son interlocuteur, relaie Al Ahdath Al Maghribia, que «les Espagnols allaient retourner chez eux; quant au Maroc, il sera entouré par la mer méditerranéenne, l’océan Atlantique et puis l’Algérie, l’Algérie, et l’Algérie, sur les trois autres façades».
Le Souverain était sûr que la Cour internationale de justice (CIJ) allait trancher en faveur du Royaume du Maroc, en évoquant avec Kissinger le registre officiel de la France de 1955, qui mentionnait que les villes du Sahara étaient gérées par l’administration centrale marocaine.
Après de longues audiences qui se sont étalées sur la période allant du 25 juin au 30 juillet 1975, la Cour internationale de justice a rendu, le 16 octobre, son avis consultatif.
Un arrêt qui a reconnu l’existence des liens d’allégeance entre les chioukhs des tribus et les Sultans du Maroc, ainsi que des liens économiques et politiques entre ces populations et le Royaume.
Malgré cela, explique le quotidien, la décision de la CIJ est restée ambiguë, et n’a pas tranché de manière formelle en faveur du Royaume du Maroc.
Deux mois après l’annonce de l’avis consultatif, et précisément le 19 août 1975, le défunt Roi Hassan II a raconté au journaliste Éric Laurent que, pendant qu’il était en train de préparer les grandes lignes du discours qu’il allait prononcer à l’occasion de l’Anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, il s’était demandé ce qu’il pourrait dire dans cette allocution.
Le soir, le Souverain s’est endormi, mais il a été soudainement réveillé et a fait le rêve éveillé des milliers de Marocains manifestant dans les grandes villes et réclamant la restitution du Sahara au Royaume du Maroc.
C’est à partir de là que le défunt Souverain a eu l’idée d’organiser un grand rassemblement pacifique, qui prendrait la forme d’une marche vers le Sahara.
L’idée qui est venue à l’esprit du Roi, en ce mois d’août 1975, est restée dans son for intérieur durant deux mois, écrit Al Ahdath Al Maghribia, jusqu’au jour où la Cour internationale de justice a donné son avis consultatif.
Le même jour, c’est-à-dire le 16 octobre 1975, explique le quotidien, le Souverain a prononcé son célèbre discours, où il a déclaré: «Il ne nous reste donc qu’à entreprendre une marche pacifique du Nord au Sud pour nous rendre au Sahara et renouer avec nos frères».
On connaît la suite, relaie le quotidien: le défunt Roi a donné l’ordre, le 6 novembre, d’entamer la marche et de franchir les frontières.
Une Marche Verte qui a impressionné le monde entier, et qui a gravé en lettres d’or l’ingéniosité de feu le Roi Hassan II.