Anticipant la réunion qui se tient à huis clos mercredi au Conseil de sécurité, à la demande de l'Uruguay, le Polisario a adressé, via son représentant auprès de l'ONU, Ahmed Boukhari, une lettre à l'ambassadeur ukrainien Volodymyr Yelchenko, qui assure la présidence tournante du Conseil, durant ce mois de février.
Notons au passage que cette réunion, convoquée à la demande d'un pays latino-américain aligné sur la thèse algéro-séparatiste, en l'occurence l'Uruguay, n'était pas programmée dans l'agenda de la présidence ukrainienne pour le mois de février, pas plus qu'elle ne l'a été durant la présidence suédoise durant le mois de janvier, moins encore pendant la présidence espagnole du CS en décembre 2016, ce qui démontre que la question ne figure pas dans l'ordre des priorités de l'instance décisive de l'ONU.
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La séance de hearing, "provoquée" ce mercredi, à la demande de l'Uruguay, et pour être précis sur instigation d'Alger et du Polisario, n'a en effet aucun intérêt, ni ne recouvre aucune urgence. Il s'agit simplement de tenter d'attirer l'attention sur un dossier dont Alger, véritable partie au conflit, continue de bloquer l'issue, après avoir "réussi" à faire capoter depuis 2008 le processus de négociation, une année après son lancement en 2016 sur la base de l'offre d'autonomie marocaine.
Pour se rendre compte de l'absence d'enjeu de cette séance de délibération, il n'est qu'à jeter un coup d'oeil sur la lettre de "doléances" adressée à la présidence ukrainienne du CS, à la veille de sa réunion, par le représentant du Polisario à l'ONU, le dénommé Ahmed Boukhari, et dont le360 détient une copie. Une compilation de redites et de mensonges ressassés à tout vent par la machine de propagande algéro-séparatiste, dont cette grossière affabulation du "Polisario représentant légitime du peuple sahraoui", d'ailleurs mise en brèche par la décision rendue le 21 décembre 2016 par la Cour de justice de l'Union européenne, statuant que le Polisario "n'a pas de qualité d'agir" au nom des Sahraouis.
Pourquoi le Polisario excipe-t-il de cette "légitimité" dans sa lettre au Conseil de sécurité dès lors qu'elle a été mise en brèche par la Cour de justice de l'Union européenne? Une "légitimité" que le Front n'a même pas aux yeux de la population de Tindouf -dont le nombre frôle à peine les 40.000, l'équivalent des habitants d'un seul quartier à Alger-, et à plus forte raison aux yeux de la population des provinces sahariennes marocaines -les deux tiers, si ce n'est plus!
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Or, n'est-ce pas le fond de la question saharienne? Suffit-il de se décréter "représentant légitime du peuple sahraoui"? Pourquoi Alger, pour ne pas parler du Polisario, produit "pur jus" des services algériens, refuse-t-elle de se conformer à la résolution 2285 adoptée fin avril 2016 par le Conseil de sécurité lui intimant expressément d'autoriser le recensement de la population de Tindouf?
Autant de questions auxquelles il n'y a pas de réponses dans la lettre du Polisario à la présidence ukrainienne du Conseil de sécurité, préférant la fuite en avant en ressassant la même phraséologie au sujet du "non-retour à la pleine fonctionnalité de la composante civile de la Minurso", du "non-lancement d'un 5e round de négociations", du "retour au statu quo ante à Guerguerat" ...
Rien de nouveau donc sous le soleil, en dehors de la litanie séparatiste fossilisée servie par une direction ossifiée et déconnectée de la réalité géostratégique autant que des préoccupations d'une population assiégée, affamée et humiliée plus de quarante ans durant. Une absence de perspectives et de bonne volonté qui a fini par ôter tout vernis de crédibilité à ce Front qui continue d'être instrumentalisé par les généraux algériens à la seule fin de nuire aux intérêts du Maroc, et dont personne d'ailleurs n'est dupe. La réunion provoquée au Conseil de sécurité est de toute évidence une manoeuvre dilatoire, destinée à faire diversion au moment où l'isolement de la partie adverse s'accentue lourdement, après notamment le retour du Maroc à l'Union africaine, sans compter ce cuisant pied de nez européen aux manoeuvres algéro-séparatistes sur le dossier de l'accord agricole Maroc-UE.
Ah, on allait oublier cette convocation du chef du Polisario, Brahim Ghali, par la justice espagnole pour répondre d'accusations de "crimes de guerre"! De quelle "légitimité" parle celui-là? Vous avez dit "légitimité"?