En réaction aux propos du président algérien à l’égard de l’Espagne et de sa nouvelle position de soutien au plan marocain d’autonomie pour le Sahara, Jose Manuel Albares n’a pas caché son agacement. Pour le chef de la diplomatie espagnole, la démarche algérienne est totalement «stérile».
Abdelmadjid Tebboune, dans une interview accordée le samedi 23 avril 2022 à deux médias, s'est de nouveau insurgé contre la récente position de Madrid vis-à-vis du dossier du Sahara. La nouvelle attitude de l’Espagne a été qualifiée d’«inacceptable moralement et historiquement».
Deux jours plus tard, le chef de la diplomatie espagnole a recadré le pouvoir algérien: «je ne vais pas alimenter des polémiques stériles, mais l'Espagne a pris une décision souveraine dans le cadre du droit international et il n'y a rien d'autre à ajouter», a-t-il déclaré sur la radio Onda Cero.
Lire aussi : «La Khayma Le360». Ep 3: zoom sur la cinglante gifle de la Ligue arabe à une tentative algérienne d’imposer Tebboune
Pas un jour ne passe sans que le pouvoir algérien ne dévoile sa vraie nature: il est le principal acteur du conflit du Sahara marocain, allant jusqu'à occulter le Polisario, qui se retrouve désormais à jouer un rôle épisodique.
Après avoir essuyé un sévère recadrage de Madrid, le régime algérien a donc tenté d’apporter des clarifications. Tard dans la soirée du mardi 26 avril 2022, l’agence officielle algérienne APS a sorti une dépêche, citant de mystérieux «observateurs», et affirmant que «le président de la République, qui a toujours soutenu que l’Algérie n’est pas engagée dans le conflit au Sahara occidental, a clarifié la position de l’Algérie vis-à-vis de l’Espagne en réaffirmant les liens étroits entre les deux pays».
Cela, «tout en regrettant la toute nouvelle position du chef du gouvernement qui ne peut en aucun cas être celle du peuple espagnol, et encore moins celle du roi Felipe VI, qui n’a jamais été pointé du doigt par le chef de l’Etat algérien, bien au contraire».
Ces «observateurs» tentaient de nuancer l’attaque formulée contre l’Espagne par Abdelmadjid Tebboune. Le régime algérien n’avait toutefois pas attendu l’interview de Tebboune pour lancer les hostilités contre l’Espagne. Dès le 19 mars, Alger avait rappelé son ambassadeur à Madrid. Une attitude à laquelle le voisin du nord avait opposé un légitime dédain.
Par ailleurs, l’Algérie voit d’un mauvais œil le partenariat énergétique noué entre le Royaume et l’Espagne, visant à inverser les flux du Gazoduc Maghreb-Europe (GME). Dans un nouveau geste d’hostilité à l’égard du Maroc, le ministre algérien de l'Energie et des mines a menacé de couper ses livraisons de gaz aux clients espagnols.
Dans un communiqué, relayé par l'agence de presse du pays, l'APS, Mohamed Arkab, ministre algérien de l'Energie et des Mines, a indiqué avoir été informé «ce jour par message électronique, par son homologue espagnole, Teresa Ribera, de la décision de I'Espagne d'autoriser le fonctionnement, en flux inversé, du Gazoduc Maghreb Europe (GME)».
Le ministère algérien de l'Energie et des Mines a tenu à préciser à cet égard que tout acheminement de «quantités de gaz naturel algérien livrées à l'Espagne, dont la destination n'est autre que celle prévue dans les contrats, sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels, et par conséquent, pourrait aboutir à la rupture du contrat liant la Sonatrach à ses clients espagnols».
Le ton menaçant du communiqué du ministère algérien exprime de fait le sentiment de haine et la rage impuissante que nourrit Alger à l’égard du Maroc, qui vient de signer son entrée sur le marché international du gaz naturel liquéfié (GNL). En effet, le Royaume s’apprête à recevoir les premières livraisons de gaz qui alimenteront les deux centrales de Ain Beni Mathar et Tahaddart, à l’arrêt depuis la rupture du contrat entre le Maroc (ONEE) et l’Algérie (Sonatrach), fin octobre dernier.
Rappelons que d'un point de presse, le vendredi 15 avril dernier, la ministre de la Transition énergétique du Royaume du Maroc, Leila Benali, a pourtant insisté sur le fait que le Maroc n'allait pas s’approvisionner ni auprès du marché espagnol ni auprès de celui de l'UE. L’Espagne va simplement mettre à la disposition du Royaume ses infrastructures (le tronçon espagnol du GME, des unités de regazéification) afin d'acheminer le gaz vers le Maroc en inversant les flux du GME.
C’est donc avec ce nouvel épisode de «La Khayma Le360», et plus précisément depuis le célèbre quartier de Maâtallah, que nous nous plongeons dans les derniers développements relatifs au dossier du Sahara et dans les réactions du régime algérien, après les tout récents succès diplomatiques du Maroc.