Joe Wilson persiste et signe. Pour le congressman conservateur, réputé proche de l’administration Trump, le Polisario est un groupe terroriste et il est à considérer comme tel. Mieux, le groupe séparatiste pourrait devenir les prochains houthis de la région. «Le polisario est une organisation terroriste et les prochains houthis si nous n’agissons pas pour prévenir la menace», a écrit le législateur républicain sur son compte X.
C’était à l’issue d’une rencontre qu’il eut avec Zineb Riboua, chercheur associé au Centre pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient, relevant du Hudson Institute, basé à Washington.
Zineb Riboua n’est autre que l’auteur d’un policy paper qui fera date. Intitulé «L’argumentaire stratégique en faveur du classement du Polisario comme organisation terroriste» et publié le 18 avril dernier, le document, d’une rare pertinence, décrit comment les activités du Front Polisario vont bien au-delà des critères habituels pour une désignation comme organisation terroriste.
«Parmi ses transgressions, on peut citer la violation de l’accord de cessez-le-feu de 1991 soutenu par les Nations unies au Sahara occidental, le détournement de l’aide humanitaire pour financer son infrastructure militaire, la collaboration avec des organisations terroristes étrangères comme le Hezbollah et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), la réception de drones du Corps des Gardiens de la révolution islamique d’Iran, via des transferts facilités par le régime algérien et la contrebande d’armes vers des insurrections djihadistes qui menacent les forces américaines dans la région du Sahel», peut-on notamment y lire.
Depuis sa publication, d’autres analyses abondant dans le même sens ont suivi. De nombreux think tanks, et non des moindres, aux États-Unis se sont approprié le dossier, arrivant à la même conclusion. On citera notamment une récente analyse d’une des éminences grises du prestigieux think tank Heritage Foundation, Robert Greenway, directeur du Centre Allison pour la sécurité nationale, et Amine Ghoulidi, chercheur invité à l’Institut Shelby Cullom Davis pour la sécurité nationale et la politique étrangère de la même fondation. On y lit, sous le titre explicite «Pourquoi les États-Unis doivent affronter le front Polisario, un proxy terroriste», comment un cocktail explosif mijote alors que drones iraniens, réseaux russes, trafics sahéliens et menaces terroristes convergent sous la bannière du Polisario, soutenu par Alger.
Une conviction est née et c’est le même Joe Wilson qui l’a matérialisé. Mettant en application une promesse maintes fois réitérée, le député républicain a introduit, avec le démocrate Jimmy Panetta, une proposition de loi pour désigner le Polisario comme organisation terroriste étrangère aux États-Unis. Il en a fait l’annonce sur X jeudi 26 juin 2025, une date à retenir. «Le Polisario est une milice marxiste soutenue par l’Iran, le Hezbollah et la Russie. Elle fournit à l’Iran un avant-poste stratégique en Afrique et déstabilise le Royaume du Maroc, allié des États-Unis depuis 248 ans», avait tonné Wilson. Avant d’ajouter: «Je suis heureux d’avoir présenté une législation bipartite avec le représentant Jimmy Panetta pour désigner le Polisario comme organisation terroriste étrangère!».
Ce coup de massue législatif ne sort pas de nulle part. Joe Wilson avait déjà planté le décor à maintes reprises, notamment lors d’une rencontre à Washington avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, le 9 avril dernier.
Cette offensive parlementaire survient dans la foulée d’une autre prise de position majeure: la réaffirmation claire et nette par Washington de son soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara, avec l’initiative d’autonomie comme seule base possible pour résoudre le différend régional. Un message sans ambiguïté, dans lequel la patience diplomatique semble céder la place à une stratégie de confrontation.












