Insolite. Ces listes familiales qui embarrassent les partis politiques

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Revue de presseKiosque360. Les clans familiaux dominent certaines listes électorales. Un phénomène qui renseigne sur l’incapacité des politiques à mobiliser des candidats et sur la volonté d’intégrer la notion d’hérédité en politique.

Le 02/09/2021 à 20h33

Le phénomène des familles électorales prend de plus en plus d’ampleur dans le cadre des élections. Plusieurs listes comportent des candidats appartenant à la même famille. Parfois, c'est toute la liste qui est composée de candidats portant le même nom, fait remarquer le journal Assabah dans son édition du vendredi 3 septembre. Frères, enfants et conjoints se présentent aux prochaines élections. Ce qui n’est pas passé inaperçu sur les réseaux sociaux, à un moment où la campagne est essentiellement digitale.

A Fès, Hamid Chabat, l'ancien secrétaire général du parti de l’Istiqlal, se présente lors de ces élections sous les couleurs du Front des forces démocratiques (FFD) avec enfants et épouse. Sa fille, Rim, est la tête de la liste régionale des femmes. Son fils, Naoufal, est tête de liste à Taza. A Fès toujours, Mohand Laenser, le SG du mouvement populaire, se présente aux régionales. Hassan Laenser et son épouse se présentent, eux, dans la circonscription de Boulemane. A Boujdour, le parti de l’Istiqlal présente tous les membres d'une famille aux élections. Il s’agit de la famille du parlementaire Abdelaziz Aba. La gauche n’a pas été épargnée par le phénomène. Les membres d’une même famille se trouvent «contraints» de se présenter dans «un acte militant» pour soutenir les listes du parti.

Le journal explique que ce phénomène a été accentué par le fait que les échéances locales, régionales et législatives se tiennent le même jour, avec pour conséquence l’incapacité des partis à mobiliser suffisamment de candidats pour remplir les différentes listes. Pour Ahmed Jazouli, expert et chercheur en gouvernance démocratique, cela peut aussi se traduire par une volonté d’intégrer la notion d’hérédité en politique. Certains politiques peuvent vouloir faire hériter ce domaine public et ses privilèges aux membres de leurs familles.

L’expert explique que l’hérédité politique ou la passation des clés du pouvoir aux enfants est un phénomène répandu dans le monde arabe. Le fils est porté dans le monde politique par ses parents ou beaux-parents sans passer par les urnes ou la compétition saine. Le problème s’accentue quand ce jeune devient un responsable politique. Personne ne peut le critiquer car il fait partie de la famille du leader, analyse Ahmed Jazouli. Selon ce dernier, ces pratiques ont un impact négatif sur la vie politique, notamment pour les vrais militants qui se voient toujours relégués au second plan et condamnés à n’être que des figurants.

Par Fayza Senhaji
Le 02/09/2021 à 20h33