Le secrétaire général de L’Istiqlal, Nizar Baraka, a pour la première depuis la guerre du Rif en 1958/59, reconnu la responsabilité de son parti dans ces événements douloureux. Il a ainsi exprimé le souhait de son parti de se réconcilier avec cette région et s’est dit prêt à présenter ses excuses à la population qui s’est soulevée après l’indépendance pour défendre ses droits légitimes au développement. Le responsable istiqlalien, qui s’exprimait au cours d’un meeting tenu le vendredi 6 juillet à El Hoceima, a regretté que ces revendications légitimes aient été suivies d'une intervention militaire à laquelle a participé son parti, alors membre influent du gouvernement.
Selon le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 9 juillet, le mea culpa de Baraka relie le soulèvement et les blessures de 1958 aux derniers événements d’Al Hoceima et aux sévères sentences infligées aux inculpés. Nizar Baraka qui était accompagné de plusieurs cadres du parti, a déclaré être «prêt à ouvrir le chantier de la réconciliation avec la région afin de déterminer la part de responsabilité du parti dans la guerre du Rif de 1958/59 et d’en faire l’autocritique qui s’impose.»
Le responsable istiqlalien est revenu sur le dédommagement des victimes des années de plomb, qu’il a qualifié d’échec malgré, dit-il, l’appui du parti qui participait alors au gouvernement (2007/2011): «Il y a eu beaucoup d’obstacles et ce projet n’a pas été achevé comme il devait l’être. Aujourd’hui, il est nécessaire de réparer cette situation dans la région du Rif autant aussi bien sur le volet économique, symbolique que culturel». Et d’ajouter que le parti de l’Istiqlal a toujours tenu à fêter l’anniversaire de la bataille d’Anoual en rappelant les positions communes des deux leaders Allal El Fassi et Abdelkrim Khattabi pour l’indépendance du Maroc. C’est pour cela, ajoute Baraka, que la réconciliation avec la région devient impérative pour tourner définitivement la page sans pour autant oublier de l’écrire et de rechercher la vérité pour consolider le présent et l’avenir.
Du coup, le patron du PI aborde les derniers événements d’Al Hoceima en déclarant que son parti cherche à calmer les esprits et à dégoupiller la tension qui règne après le jugement des gens impliqués dans ces protestations. Il considère que ces sentences sont très lourdes et exprime sa solidarité avec les familles des détenus dont «la place se trouve parmi les leurs pour vivre dans la paix et participer au développement de leur région».
De son côté, le président du «Centre de la mémoire collective», Abdesslam Boutayeb, a revisité l’histoire du Rif en chargeant et le parti de l’Istiqlal et les autres formations politiques: «Le feuilleton de l’équité et de la réconciliation n’est pas terminé en ce qui concerne le Rif et j’estime que certains partis, notamment l’Istiqlal, n’ont pas participé à cette réconciliation.» Quant à la responsabilité de l’Istiqlal dans la guerre du Rif, Boutayeb n’a pas mâché ses mots devant Baraka et compagnie: «La responsabilité de l’Istiqlal dans les douloureux événements du Rif après l’indépendance est totale, car le parti était l’Etat puisqu’il disposait de prisons et de milices privése. C’est pour cela qu’il faut que l’Istiqlal avoue ce qu’il a commis et présente ses excuses aux populations de cette région.»
De son coté, le quotidien Al Masse, dans son édition du lundi 9 juillet, estime que le mea culpa de Nizar Baraka à Al Hoceima est un pas pour décimer le PAM dans son fief au RIF. Il avoue, certes, la responsabilité de son parti dans ces événements, mais précise aussi qu’il faut clarifier certaines allégations dont a été victime le PI. Ceci étant, ajoute le responsable de l'Istiqlal, les militants ont été et sont toujours fiers de la participation des enfants du Rif dans la lutte pour l’indépendance et n’ont jamais ménagé aucun effort pour défendre les droits de l’Homme et les libertés. Baraka a enchaîné en affirmant que le projet de "Al Hoceima, Manarat Al Moutawassit” répond aux besoins de la population et à combler le retard pris dans la réalisation des travaux de développement de la région. Pour preuve, ajoute-t-il, le roi Mohammed VI a rapidement réagi en activant les projets en arrêt et en sanctionnant les ministres qui ont failli à leurs missions.