Mathématicien de formation, stoïque et affable, Slimane El Omrani, ce sont 20 ans dans les rangs du Parti justice et développement, dont il est aujourd’hui le secrétaire général adjoint. Se disant à distance égale entre Saâd-Eddine El Otmani, l’actuel secrétaire général, et Abdelilah Benkirane, son ancien patron, il se veut la voix de la raison au sein d’une formation tiraillée entre son idéologie islamiste et la realpolitik qui impose bien des concessions. Dans cet entretien, Slimane El Omrani se livre. Et c’est à suivre.
De la crise avec l’EspagneActualité oblige, c’est par la crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne, sur fond d’hospitalisation en secret du chef séparatiste Brahim Ghali, chez le voisin du nord, que l'entretien commence. Le fait que le parti s'est peu fait l'écho de cette affaire est un motif de reproches. "Le communiqué de notre secrétariat général a été on ne peut plus clair. Ce qu’il faut maintenant, c’est une action commune de tous les partis ayant des antennes en Espagne pour défendre le point de vue du Maroc, à travers les médias, la société civile et les partis politiques de nos voisins", explique Slimane El Omrani.
Gouvernement-parlement: le double-jeu?Ce qui est surtout reproché au PJD, c’est une forme de double-jeu voulant, notamment, qu’il valide des projets de loi auxquels son groupe au Parlement s’oppose. Exemple en est le projet de texte sur le quotient électoral, ainsi que la loi sur la culture du cannabis. "Ce n’est pas une question d’opposition, mais de temps nécessaire à l’étude d’un texte donné. Généralement, nous sommes alignés avec le gouvernement, mais cela n’empêche pas certaines exceptions. D’ailleurs, c’est parfaitement normal et légitime. Le travail du gouvernement n’est pas sacré", répond le secrétaire général adjoint du PJD.
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Du manque de compétencesLe PJD manque-t-il réellement de compétences internes, tel que ses détracteurs l’affirment? Pas si vite, se défend El Omrani. "Non seulement nous en disposons, mais nous en formons", tranche le secrétaire général adjoint. "Nous avons un forum des cadres des plus actifs. Et contrairement à bien d’autres formations, nous n’avons pas de cabinets de conseil pour élaborer nos stratégies et programmes. Je citerai à ce titre les deux mémorandums que nous avons produits sur la gestion du Covid-19, ainsi que celui portant sur le nouveau modèle de développement", indique Slimane El Omrani. Et de torpiller, à demi-mots, le Rassemblement national des indépendants, son actuel rival: "ceux-là mêmes qui nous reprochent ce manque de compétences se contentent le plus souvent de recruter à la dernière minute celles dont elles se targuent aujourd’hui".
Quel rival pour les prochaines élections?A la question, quel parti politique pourrait concurrencer sérieusement le PJD aux prochaines élections législatives, Slimane El Omrani n’en cite pas un en particulier. Et pour cause: "Aucun parti ne peut rivaliser avec le PJD en 2021", dit-il, invoquant la confiance des électeurs et le bilan "positif" du PJD au gouvernement. Voilà qui est très clair.
Benkirane, le retour. Pourquoi pas?Su l’éventuel retour aux commandes d’Abdelilah Benkirane, Slimane El Omrani est affirmatif. "Il n’y a rien qui l’interdit puisque Benkirane peut prétendre en toute légalité à un nouveau mandat. Pour cela, il faut attendre l’après-législatives, le délai légal de la tenue de notre congrès étant fixé à décembre 2021", nous répond-il.