«Le harcèlement sexuel ou moral est un phénomène mondial. Ce sont des cas isolés qu’il ne convient pas de généraliser», a ainsi réagi le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, en réponse à une question sur les enseignements tirés de ces affaires qui ont secoué certains établissements universitaires, connues sous le nom «Sexe contre bonnes notes».
«L’université marocaine compte en son sein des professeurs et des cadres administratifs dévoués à leur travail», a insisté Abdellatif Miraoui, tout en promettant une tolérance zéro. «Dès que le moindre soupçon apparaît, l’inspection générale se déplace. Nous agissons en suspendant les personnes incriminées et, s’il le faut, en soumettant le dossier directement à la justice».
L’abandon du BachelorInterrogé sur les raisons qui ont poussé le ministère à mettre fin au système du bachelor (cursus de 4 ans) qui a commencé à être expérimenté cette année dans certaines facultés, Abdellatif Miraoui a estimé que la pandémie n’a pas laissé le débat se poursuivre autour de ce projet. Il n’a pas omis de citer l’avis défavorable du Conseil supérieur de l’éducation, qui avait été saisi, a-t-il précisé, par le gouvernement El Othmani.
«On a ajouté des soft skills au détriment des compétences scientifiques fondamentales. Que deviendrait le master après les 4 années du bachelor? Le master serait-il à cinq ou à six ans? Que deviendrait le bachelor par rapport à une licence normale dans le paysage de l’administration publique?», plusieurs questions, a énuméré Miraoui, qui sont restées sans réponse. «On ne devrait pas ouvrir les bachelors en l’absence du décret et du cahier des normes pédagogiques nationales», a-t-il ajouté.
Le ministre a tenu toutefois à rassurer sur le fait que 95% des étudiants inscrits au bachelor (plus de 20.000) ont déjà basculé soit vers une licence fondamentale, soit dans les licences d’excellence professionnelle. «La question du bachelor est aujourd’hui derrière nous», a martelé Abdellatif Miraoui.
Lire aussi : Le ministre de l'Enseignement supérieur veut réformer les études de médecine: un diplôme sur 6 ans au lieu de 7
Par ailleurs, le ministère vient de lancer un large processus de consultation en vue de co-construire un «Plan d’accélération de la transformation de l’écosystème de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation», avec la participation de l’ensemble des parties prenantes. Ce travail de concertation se poursuivra avec les assises régionales, prévues à partir du 12 mars prochain. Si tout se passe comme prévu, la feuille de route de Abdellatif Miraoui sera prête d’ici fin mai et devrait déboucher sur une nouvelle version amendée de la loi 00-01, appuyée d'un nouveau statut pour les enseignants chercheurs et le personnel dans les universités.
S’agissant du financement de cette réforme (renforcement de l’encadrement, nouvelles infrastructures, digitalisation, etc), le gouvernement actuel, souligne Abdellatif Miraoui, est prêt à relever le défi, car la capital humain devient le nœud de tous les développements. «Le Maroc n’a ni pétrole, ni de gaz. Le pays a une courbe de jeunesse qui est extraordinaire, il faut absolument qu’on arrive à profiter de cette situation», a ainsi soutenu le ministre.
A noter enfin que lors de son passage à Grand Format Le360, le ministre de l’Enseignement supérieur a bien voulu donner plus de détails sur les objectifs et modalités de mise en œuvre de la réforme de la formation en médecine, dont la durée sera réduite de 7 à 6 ans et ce, à partir de la prochaine rentrée universitaire. Nous y reviendrons.